Somkiat Tangkitvanich, le nouveau président de l’Institut thaïlandais de recherche (TDRI) , tire la sonnette d’alarme: la Thaïlande doit repenser son modèle de développement, ou risque de se retrouver en situation d’échec.
Dans une interview parue dans le quotidien thaïlandais Post Today, le Dr Somkiat estime qu’il y a quatre questions auxquelles il faudra répondre sous peine d’exposer le pays à de graves difficultés.
Un modèle de développement condamné à évoluer
Tout d’abord, le modèle traditionnel de développement suivi jusqu’à présent risque d’aboutir à terme à une impasse. Jusqu’à présent, la Thaïlande s’est appuyé sur trois piliers pour enrichir sa croissance: l’industrialisation (mais pas la recherche et le développement), les exportations qui représentent jusqu’à 65% du PIB, et la main d’œuvre pas chère.
Si la Thaïlande adopte un système politique qui encourage les gens à rechercher des gains à court terme, le pays n’a pas d’avenir à long terme, estime Somkiat Tangkitvanich, le nouveau président de l’Institut thaïlandais de recherche (TDRI)Ce modèle n’est plus pertinent en raison de la crise mondiale qui frappe les principaux partenaires commerciaux de la Thaïlande : le royaume ne peut pas compter éternellement sur une croissance des exportations pour alimenter la croissance de son PIB.
Les performances du système éducatif sont insuffisantes
Toujours selon le TDRI, la qualité de l’éducation en Thaïlande est globalement en régression.
Or si les enfants de plus en plus issus de milieux défavorisés obtiennent de mauvais résultats à l’école, il sera difficile pour eux de relever le niveau de la classe moyenne. S’il n’y a pas de mobilité socio-économique pendant une longue période, les tensions dans la société vont aller en s’accroissant et risquent de perdurer.
La Thaïlande n’a produit aucun groupe industriel multinational comme les taiwanais Asus ou Acer, l’indien Infosys ou les coréens LG et Samsung: la faiblesse de la recherche et les lacunes du système éducatif y sont sans doute pour quelquechose.
Les enseignants thaïlandais des écoles secondaires ont dû passer des examens dans leurs disciplines pour la première fois, avec des résultats alarmants, rendus publics dans un article du Bangkok Post. La plupart des enseignants de niveau secondaire supérieur, ont échoué aux tests proposés à leurs élèves, selon le Bureau de la Commission d’éducation de base (Office of the Basic Education Commission, OBEC).
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Une corruption endémique et largement acceptée
Troisièmement, la corruption en Thaïlande est endémique, ce qui rend difficile d’arriver à des décisions politiques correctes pour développer le pays sur le long terme.
«La corruption est le plus inquiétant, surtout quand tous les sondages d’opinion aboutissent toujours à la même conclusion : que la plupart des thaïlandais acceptent la corruption dans la mesure où ils en profitent.
«J’ai entendu dire que les paiements en dessous de table sont de plus en plus grand chaque année. Il n’existe aucune preuve concrète, mais si vous demandez autour de vous, beaucoup de gens acceptent de dire que c’est vrai et certains peuvent même citer des anecdotes précises.
La corruption est entrée en profondeur dans le subconscient des gens et c’est inacceptable. »
Le gonflement de la dette publique
« Au cours des deux prochaines années, la Thaïlande ne fera pas face à une crise de la dette publique car son endettement est encore juste au-dessus de 40% du PIB, ce qui n’est pas très élevé par rapport à plusieurs autres pays. »
« Toutefois, la tendance inquiétante car la politique récente montre que tout parti politique qui souhaite gagner une élection doit adopter des politiques populistes dont l’électorat peut bénéficier immédiatement.
Si un pays adopte un système politique qui encourage les gens à rechercher des gains à court terme, ce pays n’a pas d’avenir à long terme.
Si la dette publique par rapport au PIB du pays est considéré par les investisseurs comme un problème insurmontable, le pays devra faire face à une crise importante, comme c’est le cas avec plusieurs pays de la zone euro en ce moment.