Les investisseurs étrangers en Thaïlande souffrent de dégâts très importants à cause des  inondations qui ont ravagé plusieurs zones industrielles. Ils sont aussi de plus en plus irrité par la réponse du gouvernement thaïlandais, qui semble ne pas donner toutes les informations dont il dispose en temps utile.

La frustration grandit chez bon nombre des 450 entreprises japonaises affectées par les pires inondations que connait en ce moment la Thaïlande depuis un demi-siècle. Parmi eux une usine qui fabrique des caméras haut de gamme pour Sony, la principale usine d’assemblage d’automobiles de Honda en Asie du Sud Est, et une usine de puces Toshiba figurent parmi les entreprises directement touchées. Aucun constructeur automobile japonais ne sera en mesure de produire en Thaïlande avant  plusieurs mois.

Les inondations n'ont pas seulement provoqué la fermeture de sept des plus importantes zones industrielles de Thaïlande, elles ont aussi perturbé toute la chaîne logistique d'approvisionnement. Photo: Vincent Isoux

C’est un double coup dur pour les  fabricants japonais, déjà très affectés après le tsunami dans leur pays d’origine, qui a frappé les chaînes d’approvisionnement au printemps de cette année.

Sept parc industriels fermés, 10.000 usines évacuées

Sept parcs industriels ont été à ce jour évacués, ce qui perturbe toutes les chaînes d’approvisionnement dans les industries automobiles et électroniques qui ont de grosses unités de fabrication en Thaïlande.

« Le Japon est le premier investisseur de la Thaïlande. Les entreprises japonaises sont parmi les plus gros employeurs, et elles ont énormément  contribué à la croissance de l’économie »,

a déclaré Seiya Sukegawa, économiste principal à la Japan External Trade Organization (JETRO).

« Il y aura un énorme impact si elles décident de quitter la Thaïlande. Si le gouvernement n’aide pas les entreprises à récupérer rapidement, de nombreuses PME pourraient disparaître. « 

Les investissements directs japonais en Thaïlande ont plus que quadruplé durant la dernière décennie pour atteindre un total de 27,8 milliards de dollars en 2010.

La production interrompue pendant au moins trois mois

«Ils nous disaient, ça va bien se passer », a déclaré Hiroshi Minami, Présidente de Rohm Systems, l’un des plus grands fabricants japonais de circuits intégrés. Son usine de Navanakorn,  la plus ancienne et importante zone industrielle de Thaïlande, a interrompu sa production pendant une semaine car le premier étage de son usine est presque entièrement submergé.

L'usine Honda dans le parc industriel de Rojana à Ayutthaya
L'usine Honda dans le parc industriel de Rojana à Ayutthaya. Photo: http://www.bangkokbiznews.com/ (กรุงเทพธุรกิ Krungtep Turagit)

JP Morgan analyste automobile pour Kohei Takahashi affirme que son meilleur scénario pour Honda est  de reprendre la production dans trois mois avec un coût de 15 milliards de yens en bénéfices d’exploitation. La pénurie de l’offre en automobile est aussi susceptible d’affecter les autres pays de la région de l’ASEAN à cause des difficultés d’approvisionnement en provenance de Thaïlande.

L’impact pourrait être prolongé de plusieurs mois pour les constructeurs de camions comme Toyota et Isuzu, estiment les analystes, principalement parce que beaucoup de pièces nécessaires à la production sont achetées sur place. Dans une démarche stratégique et afin de compenser la hausse du yen, Nissan a décidé de déplacer la production de son produit phare en Thaïlande, la Nissan March une eco voiture destinée à être commercialisée sur le marché asiatique.

Un revers pour le gouvernement de Yingluck Shinawatra

Le gouvernement de Yingluck Shinawatra, qui est arrivé au pouvoir en août, a échoué dans ses tentatives pour empêcher  les eaux d’envahir le région de Bangkok, même si le centre ville et le quartier des affaires est encore épargné. Les routes, et surtout les rocades en hauteur, se sont transformées en aires de stationnement car les conducteurs ont abandonné leurs voitures et les ont garé en hauteur pour échapper aux inondations.

«Le gouvernement devrait faire beaucoup mieux que cela. C’est mal géré depuis le début », a déclaré Kavi Chongkittavorn, rédacteur en chef adjoint du quotidien Nation. «Avec leurs politiques populistes et leurs rassemblements, ils sont beaucoup plus à l’aise pour enrôler les gens que pour contrôler  l’eau. »

 

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