Le salaire minimum thaïlandais, actuellement de 354 bahts par jour (environ 9,5 euros), pourrait augmenter progressivement jusqu’à 600 bahts (environ 16 euros) d’ici 2027, un sujet très largement discuté au niveau politique et économique notamment en pleine période d’élection électorale.
Une promesse électorale du Pheu Thai
En effet, cette augmentation proposée par le parti Pheu Thai « Pour les Thaïlandais » qui a été fondé par l’ancien premier ministre Thaksin Shinawatra, est vue comme un moyen pour stimuler l’économie du pays, réduire les inégalités et tenter de remédier au niveau de pauvreté actuel.
Par ailleurs, le parti politique a également annoncé vouloir augmenter jusqu’à 25 000 bahts (environ 675 euros) le salaire mensuel minimum des diplômés entrants sur le marché du travail et celui des employés du secteur privé.
Paetongtarn Shinawatra, la fille de l’ancien Premier ministre thaïlandais Thaksin Shinawatra, et candidate du Pheu Thai, est déjà favorite pour le poste de Premier ministre dans un sondage d’opinion réalisé en prévision des prochaines élections prévues en mai 2023.
Le pays le plus inégalitaire du monde
La Thaïlande est le pays le plus inégalitaire dans le monde selon le rapport publié par le Crédit Suisse. Selon les conclusions du rapport 2018 Global Wealth Databook 2018 les statistiques compilées par Credit Suisse dans 40 pays montrent que les 1% des Thaïlandais les plus riches contrôlent 66,9% des richesses du pays.
Cette année près de 20 millions de personnes (sur une population totale d’environ 70 millions) ont demandé une « บัตรยากจน, carte des pauvres », officiellement la carte d’aide sociale du gouvernement, pour alléger leurs difficultés financières. Cette carte permet entre autres de percevoir un revenu mensuel de 300 bahts (environ 8 euros) et une aide financière pour les transports de 500 bahts par mois.
En effet, Paetongtarn Shinawatra, cheffe du Comité Consultatif sur l’Inclusion et l’Innovation et fille de l’ancien premier ministre du parti, a déclaré que si le parti Pheu Thai arrivait au pouvoir, les Thaïlandais pourraient réduire leurs dépenses, voir augmenter leurs revenus et le nombre d’opportunités qui s’offre à eux, et ainsi le PIB pourrait espérer augmenter d’au moins 5 % par an.
Cependant, il est important de souligner que les employeurs sont tout de même censés payer davantage les travailleurs ayant plus d’un an d’expérience, car ils jouissent de compétences, de productivité et d’expériences supplémentaires. Néanmoins il s’avère que ces législations ne sont pas toujours respectées étant donné les inégalités salariales soulignées par le NESDC.
Alors, bien que cette mesure ait pour but de relancer l’économie, d’améliorer la qualité de vie des habitants et de réduire les inégalités, elle génère de nombreuses inquiétudes au niveau de ses potentiels effets sur l’économie du pays.
Un danger pour les exportations?
Actuellement, la Thaïlande de par ses coûts de main d’œuvre très peu élevés, est très dépendante de ses exportations qui représentent plus de 60% de son PIB. Elle contribue pleinement aux chaînes de valeurs mondiales puisqu’elle est un lieu très avantageux et stratégique pour les entreprises qui s’y implantent. Par conséquent, l’augmentation des salaires entraînerait une hausse des coûts d’exploitation pour les entreprises du fait d’un coût de main-d’œuvre plus élevé, de fait les employeurs seraient contraints de payer davantage leurs salariés.
Cette pression sur les coûts pourrait inciter certaines entreprises à se délocaliser de la Thaïlande pour se tourner vers des pays aux salaires plus bas comme le Vietnam ou le Cambodge.
Sources principales
https://www.bangkokpost.com/thailand/politics/2517344/pheu-thai-promises-b25k-monthly-wage
Rural Thailand Faces the Largest Poverty Challenges with High Income Inequality (worldbank.org)