La campagne électorale a donné lieu à une débauche de promesses électorales sans précédent, le plus offrant ayant été sans conteste le parti qui se retrouve aujourd’hui en position de gouverner la Thaïlande. Qu’en est-il de la mise en place effective de ces promesses pour l’économie thaïlandaise ?
Les économistes craignent que les nombreuses promesses populistes se révèlent dommageable à l’économie du pays si elles se concrétisent. Par exemple celle d’augmenter le salaire minimum à 300 bahts (7.2 euros) par jour, soit une hausse de 30 % par rapport à son niveau actuel. Cela pourrait contraindre beaucoup de chefs d’entreprise incapables de payer ces salaires plus élevés à licencier du personnel, ce qui provoquerait de graves problèmes sociaux.
8 millions de tablettes informatiques: une promesse sans lendemain ?
L’éducation a aussi été mise à contribution dans la campagne du Pheu Thaï, de manière assez inattendue, car le sujet est rarement au centre des campagnes électorales en Thailande. Promesse populiste s’il en est, le futur parti au pouvoir a promis d’équiper tous les écoliers du Royaume d’une tablette ordinateur. Le nombre d’enfants qui pourraient bénéficier de ce cadeau s’élèverait à plus de 8 millions, soit une dépense minimum pour l’Etat de plusieurs dizaines de milliards de bahts.
Ces équipements informatiques pourraient certes engendrer la formation d’une génération de petits génies informatiques mais les carences du système éducatif local ne seraient pas gommées pour autant. Pis, si cette promesse électorale venait à être appliquée, cela ne serait qu’un cadeau tape à l’œil à court terme aux plus défavorisés, bien plus qu’un véritable projet politique éducatif sur le long terme.
15000 baht : le salaire d’un diplôme ou le prix d’une tonne de riz
Le riz, qui fait de la Thaïlande le premier exportateur mondial, et qui mobilise 40% de la population active nationale, a également été au centre de la campagne électorale entre les Démocrates et le Pheu Thaï.
La promesse du Pheu Thai sur le riz consiste à ce que l’Etat achète directement aux producteurs 15 000 bahts chaque tonne de riz, alors que le prix du marché est aux alentours de 10 000 bahts. Cette forme de subvention aura pour conséquence de faire grimper le prix du riz à l’exportation, et une perte de compétitivité face aux autres grands pays exportateurs.
Pour les jeunes diplômés, le Pheu Thaï a tout prévu. Ceux qui obtiendront l’équivalent d’une licence de l’université devraient toucher un salaire minimum de 15 000 bahts par mois, soit environ 350 Euros. Cette législation ne tiendrait pas du tout compte des différences de niveau importantes entre les différentes universités et facultés dans le pays.
Salaire minimum : une augmentation de 30 à 80%
La mesure phare du futur gouvernement reste malgré tout de porter le salaire minimum dans tout le pays à 300 bahts par jour, soit environ un dollar de l’heure. Cela peut sembler peu à premier abord mais cette mesure pourrait avoir beaucoup de répercussions pour toute l’économie thaïlandaise.
Mercredi, le Pheu Thaï a annoncé qu’ils espéraient bel et bien mettre en place cette mesure controversée à partir de Janvier 2012.
A l’heure actuelle, chaque province dispose d’un salaire minimum suivant le niveau de vie général du lieu. Cela va de 159 bahts par jour dans la province de Phayao à la frontière du Laos à 221 bahts à Phuket.
Ces chiffres montrent que cette mesure ferait grimper le salaire minimum de 40 à 80 % suivant les régions. Les grosses entreprises pourraient sans doute s’en accommoder mais les plus petites seraient mises à mal par une telle augmentation salariale, malgré une autre promesse du Pheu Thaï de réduire la taxe sur les bénéfices de 30 à 23 %.
Conséquence majeure, l’inflation dans tout le pays se ferait sentir dans la mesure où ceux qui touchent actuellement 300 bahts par jour vont nécessairement vouloir une augmentation afin de garder une différence avec « ceux d’en bas », surtout dans la logique hiérarchique qui est celle de la société thaïe.
Une si rapide et brusque augmentation ne serait pas non plus un bon point pour la Thaïlande en terme de compétitivité internationale face à ses voisins le Viêt-Nam et l’Indonésie qui ne disposent pas de tels coûts salariaux.
Par ailleurs, cette mesure ne viserait bien évidemment pas les très nombreux travailleurs de l’économie informelle qui se verraient ainsi ne pas profiter directement de cette forte augmentation salariale, tout en subissant les conséquences probables d’une forte inflation. Il en serait de même pour les travailleurs migrants venus du Myanmar, Laos et Cambodge.
1 comment
« Ces équipements informatiques pourraient certes engendrer la formation d’une génération de petits génies informatiques » Cerait-ce selon le principe que ce sont les ordinateurs qui « fabriquent » les informaticiens ?
Pour ma part, je SAIS que c’est l’inverse …
Et il y a fort à parier que, s’il y a des contrats passés pour « réaliser » cette promesse, çà sera surtout une « pompe-à-fric » pour le clan que l’on sait !
(voir les scanners de l’aéroport : 400M$ « détournés » !)
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