Selon le PAM, jusqu’à 3,4 millions de personnes supplémentaires auront du mal à se procurer de la nourriture au cours des trois à six prochains mois, notamment dans les zones urbaines.
« Sous le triple effet de la pauvreté préexistante, de la pandémie de Covid-19 et de la crise politique actuelle, la faim et le désespoir augmentent fortement dans tout le Myanmar », a indiqué l’agence onusienne, qui va « intensifier ses opérations en réponse à la hausse rapide de la faim dans ce pays.
La tourmente qui a suivi le coup d’État militaire au Myanmar, associée à l’impact du COVID-19, pourrait faire en sorte que jusqu’à 25 millions de personnes – près de la moitié de la population du pays, vivent dans la pauvreté au début de l’année prochaine, selon un rapport des Nations Unies.
« De plus en plus de pauvres ont perdu leur emploi et n’ont pas les moyens de se nourrir », a déclaré dans un communiqué le Représentant du PAM dans ce pays, Stephen Anderson.
«En l’espace de 12 ans, de 2005 à 2017, le Myanmar a réussi à réduire de près de moitié le nombre de personnes vivant dans la pauvreté. Cependant, les défis des 12 derniers mois ont mis en péril tous ces acquis de développement durement acquis », a déclaré Achim Steiner, Administrateur du PNUD.
Au cours des près de trois mois qui se sont écoulés depuis, plus de 750 personnes – dont des enfants – auraient été tuées par les forces de sécurité lors d’une répression brutale des manifestations en faveur de la démocratie, d’innombrables autres ont été blessées et des milliers arrêtées.
Des familles de Yangon obligées de sauter des repas
Le PAM va ainsi mettre en place une nouvelle opération d’aide alimentaire. Elle vise jusqu’à deux millions de personnes vulnérables dans les quartiers pauvres des principales villes du Myanmar et dans d’autres zones où des déplacements de population ont récemment eu lieu.
L’intervention du PAM à Yangon ciblera dix des communes les plus pauvres, dont beaucoup abritent de vastes quartiers informels. Le PAM suit également la situation dans d’autres régions du pays et s’est dit prêt à fournir une aide aux communautés touchées, y compris celles nouvellement déplacées par le conflit armé, si nécessaire.
En attendant, les équipes du PAM ont déjà constaté que des familles de Yangon et de ses environs sont poussées à bout. Elles sont obligées de sauter des repas, mangent des aliments moins nutritifs et s’endettent, simplement pour survivre.
Et le dernier rapport de suivi du marché mené par le PAM montre qu’à Yangon et dans tout le pays, le prix moyen du riz a augmenté de 5 % depuis janvier. Dans le même temps, le prix moyen de l’huile a augmenté de 18 % depuis février.
Le prix du riz a augmenté jusqu’à 43 % dans certaines communes
Cette hausse du prix de l’huile peut même passer jusqu’à 25% à Yangon. Selon le PAM, la hausse des prix des denrées alimentaires est particulièrement élevée dans certains États frontaliers, notamment Rakhine, Kachin et Chin.
Dans l’État de Kachin, par exemple, le prix du riz a augmenté jusqu’à 43 % dans certaines communes, et celui de l’huile de cuisson de 32 %. Le prix du carburant a augmenté d’environ 30 % dans tout le pays.
Nous comptons sur la communauté internationale pour continuer à soutenir le peuple du Myanmar – Stephen Anderson, Représentant du PAM
Face à cette situation et malgré « l’instabilité » socio-politique, le PAM a maintenu son aide humanitaire aux personnes déplacées internes et aux autres populations vulnérables touchées par un conflit de longue durée.
En mars, 374.000 personnes ont bénéficié de l’aide onusienne dans les zones touchées par le conflit dans les États de Chin, Kachin, Rakhine et Shan.
Au cours des prochains mois, le nombre de personnes auxquelles le PAM vient en aide va presque tripler. Il passera de 1,3 million à 3,3 millions. Pour ce faire, 106 millions de dollars US sont nécessaires de toute urgence.
« Pour éviter qu’une crise humanitaire de grande ampleur ne se déroule sous nos yeux, nous devons agir. Nous comptons sur la communauté internationale pour continuer à soutenir le peuple du Myanmar », a conclu M. Anderson.