Ladyboys : un livre de photos au-delà des clichés

« Pour les Européens, c’est un monde exotique, voire amusant, mais en réalité c’est un monde très dur, impitoyable même, et parfois ça me fait peur » explique Jirachya, dans « Ladyboys of Thailand, un hommage à la féminité ».

Entre Lisa – escorte de luxe à Bangkok, ou Parewa – diplômée en Sciences Politiques et Sammy – qui travaille dans un bar à Bangkok, les auteurs ont rencontré et photographié vingt-cinq ladyboys, sujets de ce beau livre.

Plus de deux cents photos (le photographe Uwe Ommer en a réalisé plus d’un tiers), parfois érotiques, jamais vulgaires, qui interrogent et peut-être troublent le lecteur quant aux ressorts de la séduction et de son propre désir.

Mais l’intérêt du livre vient aussi du mélange entre les photos et les textes : pour aller au delà des photos posées, qui rendent compte de leur féminité et de leur beauté, les auteurs ont interviewé leurs modèles, recueilli leurs photos personnelles, à l’école, en famille…

Un hommage à la féminité

Ces éléments, en contrepoint, rendent compte de leur profonde humanité. Certaines ont des rêves de midinettes. D’autres expriment avec retenue leur souffrance ou leur angoisse.

« Je ne pensais pas que ma vie serait celle-ci, dit Irin, 20 ans, qui travaille dans un Gogo de Nana Plaza, mais j’arriverai à m’en sortir » ; « Plus tard, je retournerai dans mon village pour m’occuper de mes parents, c’est ce que font les ladyboys. », affirme Parewa.

Franck Poupart, qui vit à Bangkok, a écrit les analyses et les récits qui émaillent ce livre. Ceux qui ont lu Toy story, Pattaya Beach, Patong, ou Demain les barbares, reconnaîtront son style, son sens aigu de l’observation et son ironie désabusée.

L’interview de Robert « L’homme qui aimait les ladyboys », ou le bref « Sexy Soi Six » sont des petits chefs d’œuvre.

La longue préface nous donne des clés pour mieux comprendre ces êtres surnaturels qui, très tôt, on eut le sentiment d’être des petites filles piégées dans des corps de garçons.