J’ai rencontré Bee au ‘Beer Garden’ Soï 7 sur Sukhumvit. Le haut lieu de rencontre pour les farang en mal d’amour ne voulant pas payer le bar fine. Les filles ne sont pas des employées du bar et elles peuvent donc aller et venir sans avoir à justifier quoi que ce soit.
L’endroit est immense, le toit a récemment été rehaussé. En période chaude c’est l’étuve sous la tôle ondulée mais les ventilateurs à brume aident quand même un peu. Le niveau de la musique est supportable, la bière et la nourriture sont d’assez bonne qualité et le prix est abordable. Mais l’intérêt de l’endroit c’est surtout les filles.
Elles boivent ou grignotent, suivant les heures et l’état de santé de leur porte monnaie. C’est le royaume du contact visuel. Le vieux clignement d’yeux avec ce sourire qui ne trompe pas. Lui les dents jaunies par les cigarettes, l’alcool et les cafés, elles des crocs immaculés dont la blancheur a des airs de virginité.
Bee a vingt sept ans. C’est encore un âge vendeur, mais il ne faut pas traîner car dans deux ans ce sera trop tard, elle ne sera plus sur le marché. Elle porte en haut un tee-shirt rose avec une sérigraphie de Hello Kitty. Dessous on devine bien un soutien gorge noir qui porte une poitrine de fillette, 80 B car le tee-shirt n’est pas tendu à cet endroit là. En bas elle porte un short rose aussi qui fait ressortir ses superbes jambes longues et fines. C’est le bonbon qu’on a envie de croquer.
Ses cheveux sont très longs et pendent dans son dos presque jusqu’aux fesses. Elle a des grands yeux marrons foncé (comme toutes les autres) et un sourire à damner un saint. Son visage est allongé. Avec son vêtement rose on dirait presque une adolescente.
– Bonjour dit-elle en faisant un waï. On boit un verre. Tu sais que t’es un beau mec toi. Tu as du en avoir des filles ici. Elles doivent craquer pour ton sourire. Je suis arrivée de Surin il y a cinq ans, je connaissais rien aux farang…
Christian Eymaël
Pierre Richard Hardy
Éditions Bamboo Sinfonia