En Asie du Sud-Est où le bouddhisme est très répandu, on applique beaucoup les enseignements théoriques de Bouddha. Mais la pratique de la méditation, elle, est moins courante.
Ne plus parler, supprimer les contacts physiques, arrêter de fumer, de boire et se lever tous les jours à 4 heures, une torture ? Non, un enseignement selon Satya Narayan Goenka.
Ce « businessman » a appris l’art de la méditation en Birmanie pendant quatorze ans.
Il a ensuite fondé un centre en Inde, pour enseigner les deux techniques de méditation inventées par Bouddha : Vipassana et Anapana.
Aujourd’hui, il existe des centres partout dans le monde, dont neuf en Thaïlande. Goenka s’est exprimé devant les Nations Unies en 2000. Il s’est éteint en 2013.
Marine est étudiante en école de commerce. Elle avait dix jours à tuer pendant son voyage en Asie, elle a décider de relever le défi. Elle s’est rendue dans l’un de ces centres à Manille, aux Philippines. Pendant dix jours, elle a mené un mode de vie très simple, en pratiquant Vipassana et Anapana.
Qu’est-ce qui t’as donné envie de faire ces dix jours de stage ?
J’avais un peu de temps, et j’avais envie d’essayer quelque chose de nouveau. En France, mon médecin généraliste est très branché médecine traditionnelle, acupuncture, relaxation…
Donc j’étais déjà sensibilisée à ce genre de choses. Et j’avais lues pas mal de choses à ce sujet dans les médias, alors j’ai eu envie d’essayer.
Quand je suis allé sur leur site, j’ai vu que c’était très institutionnalisé. Il y a énormément de centres et beaucoup d’avis positifs : on sait à peu près dans quoi on s’engage. J’étais curieuse de savoir comment j’allais réagir à l’absence de distraction pendant dix jours.
On ne peut pas interagir avec les autres, faire de sport, prendre des nouvelles de ses proches… A la toute fin, on avait un peu l’impression de sortir de prison !
Quels étaient tes engagements ?
On a cinq règles à suivre : on doit s’abstenir de mentir, de voler, de tuer, de s’adonner à des pratiques sexuelles et d’avoir des addictions. Ça veut donc dire pas de cigarette ni d’alcool !
Évidemment, on n’a pas le droit de parler et on ne doit pas montrer ses épaules ou ses jambes. Pour éviter les “tentations”, le centre est scindé en deux, avec les femmes d’un côté et le hommes de l’autre.
Ça c’est les interdictions. On s’engage aussi à une certaine discipline : le réveil est à 4h et l’extinction des feux à 22h. On doit faire 14h de méditation par jour. Et on ne mange pas après midi.
Comment se passe la médiation ?
Il y a deux types de séances : la médiation libre, qu’on peut faire dans le hall commun ou dans sa chambre, comme on veut. La méditation en groupe se passe obligatoirement dans le hall, avec tous les participants au stage.
Les instructions sont diffusées pendant quelques minutes par enregistrement en début de séance, puis tout est silencieux pendant une heure. Si on a des questions, on peut aller les poser au professeur sur rendez-vous.
C’est la seule personne à qui on a le droit de parler, avec celle responsable de la logistique. Et tous les soirs, on nous montre une vidéo du fondateur, Goenka. Il y a une vidéo pour chaque jour : il fait le point sur les expériences à tirer, nous donne des conseils… Je l’ai trouvé très inspirant !
Quel est le but final de cette épreuve ?
Le but est d’élever l’esprit pour prendre du recul sur nos sensations.. Quand on est confronté à quelque chose de négatif, on a une réaction de rejet.
Au contraire pour quelque chose d’agréable, on en veut plus. On essaie d’apprendre à se détacher de l’envie et de la haine. Il faut savoir que c’est totalement laïque.
Vipassana a été développée par Bouddha avant la naissance du bouddhisme. Ces stages n’ont rien de religieux ou de sectaire.
Est-ce que ça a fonctionné pour toi ?
C’est clair que ça permet de prendre du recul. Quand on sort d’une séance de méditation, on est moins pollué. Ça permet de faciliter la concentration, on se sent vraiment bien après. Mais ça ne va pas révolutionner ma vie…
A la fin du stage, les instructeurs nous conseillent de méditer une heure matins et soirs. Avec mon rythme de vie, je me suis vite rendu compte que ce serait difficile. Mais généralement je fais quand même au moins un quart d’heure tous les matins.
Au quotidien, j’essaie de mettre à profit ces enseignements. Mais ça n’aura pas pour autant fait de moi une nouvelle personne. Par contre, tout le monde ne tient pas le coup : nous étions quarante au début du stage, et six sont partis avant la fin.