Le cinéma thaïlandais s’est fait connaître en Occident, et particulièrement en Europe, dans le courant des années 2000 grâce à des films singuliers, empreint d’une fraîcheur propre aux pays du sud-est de l’Asie. Mais dans le Royaume, la réalité est tout autre.

En 2000 sortait sur les écrans français « Les Larmes du Tigre Noir » de Wisit Sasanatieng, un western surjoué, aux couleurs criardes et kitsch rendant hommage aux production des années 60.

A travers ce film acclamé par la critique et le public, l’Europe et le monde occidental ont commencé à se tourner vers le cinema thaïlandais.

Les Thaïlandais raffolent d'un cinéma plus léger, mêlant la comédie un peu lourde à divers genres cinématographiques comme l'horreur, l'aventure ou le thriller.
les Thaïlandais raffolent d’un cinéma plus léger, mêlant la comédie à l’horreur
l’aventure ou le thriller.

Plusieurs autres oeuvres ont suivi, toutes dans des genres bien différents: les frères Pang ont effrayé les salles de cinéma avec « The Eye » qui lorgnait sur les films d’horreur japonais comme « The Ring »; Tony Jaa a impressioné les foules avec « Ong Bak » et a réussi à imposer le muay thai dans le cinéma de combat, jusqu’ici dominé par le kung-fu venu de Hong-Kong.

Enfin, en dehors du cinéma de genre et des grosses productions, un cinéma plus intimiste et intellectuel a su captiver une audience. On pense surtout à la filmographie de Apichatpong Weerasethakul qui, avec des films comme « Blissfully Yours » et « Maladie Tropicale », a permis au cinéma thaïlandais de remporter, pour la première fois, des prix dans l’un des plus grands festivals de cinéma au monde: Cannes.

La consécration est arrivée l’année dernière où son dernier film, « Oncle Boonme celui qui se souvient de ses vies antérieures », a remporté la Palme d’Or 2010.

Le rire et l’effroi

Pourtant, à travers les salles du cinéma du Royaume, une face méconnue du cinéma thaïlandais apparaît au grand jour.

Loin des films qui ont su séduire le public occidental, les Thaïlandais raffolent d’un cinéma plus léger, mêlant la comédie un peu lourde à divers genres cinématographiques comme l’horreur, l’aventure ou le thriller.

Les films d’Apichatpong Weerasethakul sont pour la plupart censurés et ne sortent que dans un petit nombre de salles.

Les relations difficiles entre les personnages ne plaisent pas beaucoup aux censeurs qui brandissent les principes bouddhiques pour justifier la censure de scènes supposées gêner le public et la morale du pays.

Avec un casting de stars thaïlandaises de la comédie, et de nombreuses références aux légendes et à la religion, les films populaires jouent à fond la carte du diverstissement. Un des genres les plus prolifiques du moment est la comédie horrifique qui permet au spectateur à la fois de rire, et d’avoir peur.

Copiant la recette des feuilletons télévisés qui font le bonheur des Thaïlandais à toutes heures de la journée, ces films utilisent souvent des bruitages de cartoon pour accentuer l’effet comique de situations cocasses.

Un phenomène similaire se retrouve en Corée du Sud où la réalité du box-office coréen contraste étonnement avec les films exportés.

En effet, la majorité des cinéastes coréens connus à l’étranger sont acclamés pour l’originalité et la violence à la fois visuelle et psychologique du thème et des personnages; alors que peu de Coréens les connaissent ainsi que leurs œuvres, préférant les comédies à l’eau de rose.

La Thaïlande: un pays qui aime le cinéma

Avec un cinéma à double visage, à la fois populaire pour les Thaïlandais, et plus intellectuel et original pour l’exportation, la Thaïlande s’impose véritablement comme un pays qui aime et aide le 7ème art. La qualité des salles de cinéma témoigne d’une attention toute particulière à l’attention des cinéphiles.

En Thaïlande, les films sortent le jeudi et les spectateurs ont le choix entre 50% de films étrangers et 50% de films thaïlandais, en général. La sélection de films étrangers reste toutefois cantonnée aux grosses productions venues d’Hollywood, mais la Thaïlande a souvent les films en même temps que les Etats-Unis, contrairement à de nombreux pays qui mettent plus de temps à les distribuer.

Le prix d’un ticket varie grandement selon les cinémas et les types de salle. Il coûte en général 140 bahts pour une séance dans une salle normale, mais peut monter jusqu’à 700 bahts pour un film vu dans une salle spéciale, souvent équipée de sofas à la place des traditionnels fauteuils. Le mercredi est le jour des promotions, avec des séances coûtant environ 80 bahts.

Une preuve flagrante de la volonté d’ouverture du cinéma thaïlandais au public étranger est le fait que tous les films thaïlandais peuvent être vus avec des sous-titres anglais. Le Royaume est l’un des rares pays à proposer ce genre de service qui améliore grandement l’approche de la culture par une personne étrangère au pays.

Enfin, il est important de savoir qu’une courte vidéo rendant hommage au roi est présentée avant chaque film et que toute personne se trouvant de la salle est tenue de se lever. Un manquement à la règle peut entraîner quelques complications.

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