Cinéma, séries télé, publicités : la Thaïlande sur un plateau

En 2000, le monde entier admire les eaux bleues turquoises de Ko Phi Phi : elles servent de décor au film américain à gros budget « La Plage », avec l’acteur Leonardo DiCaprio. Depuis, le nombre de séries télé, films, publicités, clips et documentaires tournés dans le royaume augmente régulièrement.

En 2008, c’est Nicolas Cage qui revisite le classique « Bangkok dangerous »  :  les poursuites infernales tournées dans les rues de Bangkok crèvent l’écran, même si le film ne remporte pas le succès escompté. 2008  est une année stable pour les tournages avec 526 productions, contre 523 en 2007 :  l’agitation politique a sans doute pesé sur les décisions de certains producteurs.

Parmi les productions qui ont obtenu la permission de filmer au « Thailand film office », l’autorité qui délivre les autorisations de tournage, 197 sont des documentaires et 184 des publicités. Au premier rang, on trouve les Japonais, avec 134 réalisations, suivis de près par les Indiens (123), qui adorent  tourner en Thaïlande leurs films d’action, et les Européens (106). Ces productions ont rapporté plus de 2 milliards de bahts (42 millions d’euros) à la Thaïlande l’année dernière, contre 1,1 milliard cinq ans plus tôt. A cela, il faut ajouter les retombées touristiques de la diffusion d’images du royaume aux quatre coins de la planète.

Mais les réalisateurs étrangers ne sont pas seulement attirés par la diversité et la beauté des paysages thaïlandais.

« Il est arrivé qu’on gomme finalement les palmiers dans une publicité pour rajouter de la neige ».

assure Alain Lauret, l’un des producteurs, avec Christian Gerber, de Flash Ciné Services.

« L’attrait du royaume, c’est surtout son excellent rapport qualité-prix : on bénéficie sur place de techniciens de métier, de bon matériel et les studios n’ont rien à envier à ceux d’Hollywood. Le tout pour un prix divisé par quatre par rapport aux pays occidentaux. Ici les horaires sont flexibles, il n’y a pas de syndicats, ce qui laisse place à des négociations raisonnables  ».

Créée en 2001, Flash Ciné Services est l’une des sociétés de production locales accréditées par les autorités thaïlandaises, par lesquelles doivent obligatoirement passer les équipes étrangères. Elles coordonnent tout, des autorisations de tournage à la réexportation des pellicules.

En ce moment, Flash Ciné Services produit « Une famille formidable », dont la huitième saison se tourne à Bangkok. S’il apprécie l’efficacité de l’équipe thaïlandaise, le réalisateur de la célèbre saga de TF1, Joël Santoni, regrette en revanche les difficultés posées par le Thai Film Board. Pas question d’écorner l’image du royaume à l’étranger: il faut donc d’abord soumettre à la censure le script de la réalisation, traduit en anglais et en thaï.

Pour contourner le problème, le réalisateur a situé l’histoire dans un pays imaginaire plutôt qu’en Thaïlande. Mais même une fois le script validé, le Film Board veille au grain et impose un représentant sur le tournage. « On ne peut pas filmer les temples, on nous a fait retirer les coiffes des danseuses ou le toit des tuk-tuks, jugés trop thaïlandais », soupire Joël Santoni.

« La sécurité est meilleure qu’au Cambodge et les autorisations sont beaucoup plus simples à obtenir qu’au Vietnam. Mais l’année dernière, les tensions politiques ont freiné beaucoup de projets. Ce sont surtout les assurances qui refusent de prendre des risques, car les budgets sont énormes. Aujourd’hui, on commence tout juste à voir les premières équipes revenir ».

estime, Alain Lauret qui considère toujours que la Thaïlande reste le pays où il est le plus simple d’organiser un tournage.

Marie Normand

En 2008, 526 tournages ont été autorisés par le Thailand film office

Le Japon et l’Inde représentent plus de la moitié des tournages étrangers en Thaïlande

Source : Thailand film office http://www.thailandfilmoffice.org/newsite/en/default.php