Qui a dit « partir c’est mourir un peu » ? Mais non, partir c’est renaître, c’est être vagabond, c’est donc vivre.
Dans ma jeunesse folle, j’ai adoré Londres et j’ai suivi un Manuel en Espagne, j’ai travaillé à Lille et j’ai suivi un Jullian à Paris, entre temps j’ai travaillé en Australie, à Tahiti, aimé en Malaisie et à Java, enseigné en Thaïlande… une vraie vie de vagabonde.
A une certaine époque, on appelait ça de « l’instabilité ».
Je rêvais de Bali, l’île aimée des dieux, mais pas eu envie d’attraper l’accent australien.
«J’ai vécu en Isan, à une époque où pas un touriste n’aurait pu situer cette province sur la carte de Thaïlande.»
Mais plus eu envie de croiser des farangs retraités tous les 100 mètres, alors je suis partie le long de la frontière birmane enseigner l’anglais à des réfugiés Karen.
Et puis la police est devenue « propre » et a décidé de ne plus fermer les yeux sur l’illégalité-légale (payée très chère d’ailleurs) de ces réfugiés ayant fui l’horreur de la « Tatmadaw » Birmane, alors je me suis installée à Chiang Mai, une période de luxe relatif avec piscine et fitness-club.
Mais le côté « tendance » (trendy) de mon quartier est devenu contestable. On y croise aujourd’hui plus de Chinois que de Thaïs (je les aime bien, je les trouve même plus « ouverts » et marrants que les Thaïs), mais j’ai arrêté mes études de mandarin.
Et eux, malins comme des singes, pardon, des chinois, ont commencé à racheter les commerces du quartier (Hong Kong noodles, Shanghaï soups » etc.. les petits thaïlandais vont se faire « bouffer » par plus courageux, plus riches, plus doués qu’eux.) Alors je pars.
Le pays rêvé des chasseurs d’étoiles
Il n’existe pas de pays rêvé – « Kawhtooley » pour les Karen – (« Kawhtooley » : le pays sans le mal (« a country without evil »).
Mais l’homme est un infatigable chasseur d’étoile. (C’est pourquoi, je me suis amusée à faire de Sacha, l’un des personnages principaux de mon roman à venir (sortie en mars) ** , un astrophysicien ayant épousé une étoile de cinéma).
Mon étoile à moi, c’est ma liberté de penser et d’écrire et le plaisir incommensurable de faire des pieds de nez à qui je veux…dans un pays qui « rétrécit » de jour en jour. (Ceux qui le connaissent bien me comprendront…)
« Il n’y a pas de vie plus enviable que celle de vagabond » dit ce penseur chinois…. Alors je m’apprête à partir… ailleurs.
« Si je n’envie pas le sort de Susila, je ferai bien de me pencher sur le mien. Il n’est pas plus enviable, mais je dois au moins convenir que j’ai toujours le choix de le subir ou de le fuir, écartelée entre la convoitise d’un homme silencieux qui attend son heure pour fondre sur sa proie et l’attirance pour un prince tout aussi mystérieux qui me considère comme son bien.
« Liberté », le mot chante dans ma tête, balancé, malmené par les virages en lacets de la route. Un jour peut-être je choisirai à nouveau l’état de vagabonde.
Comme l’écrit un lettré chinois, dont le nom m’a échappé : « Sur cette terre, je suis avant tout un vagabond et non un soldat obéissant et enrégimenté. Le vagabond est le type humain le plus glorieux ».
Extrait de mon roman « THEATRE D’OMBRES » ed. de la Frémillerie… Amazon.com
** « UNE FEMME EN BLEU, voyage en mère inconnue » Editions Fortuna
Marcel Jullian avait créé la revue poétique « vagabondages »