Depuis le 3 mars et ce pour six semaines, le photographe Visarut Sankhum, surnommé Pop, expose une série de photographies au FCCT, le Club des correspondants étrangers à Bangkok.
L’exposition intitulée « Behind Tin Walls » met en lumière les conditions de vie des ouvriers immigrés travaillant dans le bâtiment, cambodgiens pour la plupart.
Ils mettent en péril leur santé et leur sécurité pour construire des immeubles vendus ensuite par les promoteurs immobiliers sous forme de condominiums (appartements en copropriété).
Naturellement curieux de la société et de ses inégalités, Visarut raconte pour le Bangkok Post qu’il n’avait pas vraiment le projet de photographier ces lieux et ces personnes.
« C’est juste que c’est un campement devant lequel je passe tous les jours pour aller travailler.
Un jour, j’ai eu la curiosité d’aller voir comment c’était à l’intérieur, comment les gens y vivaient-ils
Parce-que les Thaïlandais sont nés en sachant que ces camps existent et simplement nous comprenons que les travailleurs immigrés vivent là, c’est tout. »
Un contraste saisissant
Le photographe thaïlandais dévoile un contraste saisissant. Les migrants vivent dans des abris de fortune en tôle ondulée (tin anglais) dans des camps communautaires pendant qu’ils construisent des condominiums de luxe.
Ils ne doivent y rester que temporairement, quelques mois. Pourtant les mois se transforment parfois en années.
Une enfance en chantier
Numfon, petite fille cambodgienne de sept ans, a déjà passé six ans en Thaïlande. Le bébé de Sa, Pudjika, est né à Bangkok. Sai, neuf ans, est en Thaïlande pour un an. Un an sans aller à l’école car il ne connaît pas un mot de thaï.
Sous chaque photographie: un nom, un âge. Les migrants gardent ainsi toute leur humanité. On découvre des fragments de leur histoire, comme celle de Janum, 45 ans. Avec ses deux enfants, elle travaille pendant trois mois à Bangkok.
Selon elle, il est impossible de gagner sa vie chez elle au Cambodge, à cause des prix du riz bien trop bas.
Entre l’anthropologie et le huitième art
Le photographe a passé six mois dans trois campements de la capitale. Chaque soir, il s’est imprégné de l’atmosphère de ces endroits.
Étudiant en sociologie et en anthropologie à l’Université de Chiang Mai, c’est un quasi-travail de recherche qu’il a réalisé derrière son objectif.
Pop est aujourd’hui photographe indépendant. Après avoir été reporter à The Nation, il continue de collaborer au journal, ainsi qu’aux magazines Sarakedee, The News Lens et Trans Border News.
Montrer les inégalités
« Ce que je veux le plus est raconter aux autres qu’il y a des gens qui vivent comme ça. Les personnes qui construisent nos maisons et nos condominiums vivent ainsi. Toutefois, je ne fais pas de conclusion, je ne dis pas que c’est bien ou mal. Ça vient de mes études en sociologie et en anthropologie. Profondément, je veux juste comprendre ce que je suis en train de photographier. »
Cependant, par ses tirages, Visarut dénonce. Un sentiment de révolte transparaît dans ses clichés et dans ses propos.
« Les migrants économiques reflètent comment le capitalisme fonctionne : des coûts les plus bas possible pour gagner un maximum de profit. C’est la cause des violations des droits de l’homme. »
Il aime montrer le combat des hommes, et pense « que le meilleur endroit pour voir l’espoir, est le lieu où il a presque disparu. »
Pour connaître le reste de son travail :www.sankhamphotography.com
Exposition au FCCT, au dernier étage de la tour Maneeya, arrêt BTS Chit Lom.