Un rapport publié au début de cette année par la Barclays Bank montrait qu’il existe une coïncidence troublante entre la construction de gratte-ciels et les les crises économiques. Si c’est vraiment le cas, la Thaïlande a quelques soucis à se faire.

Selon la banque d’investissement britannique, il existerait une «corrélation malsaine» entre la construction de gratte-ciel et les krachs financiers. Le rapport cite comme exemple la construction de l’Empire State Building à New York en 1930, ainsi que des tours Petronas à Kuala Lumpur en 1997 et Burj Dubaï à Dubaï en 2010, qui ont été suivies par des crises économiques. A Bangkok, le plus haut immeuble de la ville, la Baiyoke Tower 2, fut terminée juste avant le début de la crise asiatique de 1997 qui commença par un effondrement de la devise thaïlandaise.

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Les gratte-ciels font partie intégrante du paysage de la capitale thaïlandaise au même titre que les temples, comme ici « The River », qui surplombe le Chao Phraya.

Comme d’autres villes asiatiques en plein développement, Bangkok a choisi un mode d’urbanisme axé sur la hauteur, pour des raisons économiques et d’urbanisme, mais aussi comme symbole de son dynamisme économique. Les gratte-ciels font partie intégrante du paysage de la capitale thaïlandaise au même titre que les temples.

Leur nombre est tellement important qu’une étude datant de 2009 réalisée par le CTBUH (Conseil sur les grands immeubles et l’habitat urbain) avait montré que Bangkok était la sixième plus haute agglomération du monde en additionnant la hauteur de tous les immeubles de plus de 100 mètres, respectivement derrière Shanghai, Dubaï, Tokyo, New-York et l’indétrônable Hong Kong.

Pas moins de 355 bâtiments de plus de 100 mètres de hauteur avait étés recensés dans l’étude alors que Paris, seconde plus haute ville d’Europe, n’en comptaient que 78.

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Achevée en 2001 la State Tower reste un immeuble emblématique de Bangkok. Son bar le Sirroco au 64e étage est toujours un must pour les touristes.

L’aspect frappant de la physionomie de Bangkok est le nombre de gratte-ciels et non pas leur taille.

Il n’y a en effet aucun gratte-ciel géant comme dans d’autres villes asiatiques qui dépasse les 350 mètres puisque la tour Baiyoke 2 et ses 304 mètres restera le toit de Bangkok au moins jusqu’en 2014.

Le deuxième aspect marquant est qu’on peut trouver de très hauts immeubles un peu partout dans cette immense ville, parfois de manière complètement isolés et sans aucune logique d’harmonie urbaine.

Deux des gratte-ciels les plus emblématiques de la ville sont l’Empire Tower et la State Tower. Le premier est le sixième bâtiment le plus haut de la ville, le plus grand et le plus haut des immeubles de bureaux. Juste à côté de la station BTS Chong Nonsi et du pont pour piéton en forme d’arche, cet immeuble est le symbole du dynamisme économique de la ville.

Quant à la State Tower, elle est encore la troisième plus haute tour de la ville. Longeant la Chao Phraya River, elle est connue pour abriter sur son toit le restaurant et bar Sirocco. La réputation du bar s’est accentuée avec le tournage récent du film hollywoodien « Very Bad Trip 2 »

Un symbole du boom des années 1990

La construction de beaucoup de gratte-ciels a eu lieu durant la très forte période de croissance qu’a connu le pays depuis les années 80. La fin de cette époque prospère a vu la construction de la tour Baiyoke Tower 2 qui fut terminée juste avant le début de la crise asiatique de 1997.

Si celui-ci est le plus haut gratte-ciel de Bangkok, le plus haut hôtel d’Asie du sud-est et propose aux visiteurs la plus belle vue sur la ville, on peut se poser des questions quant au choix de son emplacement au milieu d’un quartier populaire avec un marché bondé et un accès, même en voiture, loin d’être pratique.

D’autres  immeubles des années 80 et 90 ont été construits dans la précipitation et cumulent souvent les mêmes défauts : immeubles trop proches les uns des autres, design très pauvre ou emplacement isolés.

Elephant building Bangkok
Elephant building Bangkok. Photo: Creative commons Jarcje

Si beaucoup de bâtiments de cette époque sont quelconque architecturalement parlant, deux au moins tirent leur épingle du jeu, à savoir l’immeuble robot et l’immeuble éléphant. De style moderne, l’immeuble robot, situé sur l’avenue d’affaires Sathorn, représente effectivement un robot ! Conçu par le célèbre architecte thaïlandais Sumet Jumsai et terminé en 1986, il est le siège de la banque UOB. L’originalité du bâtiment lui a valu d’être désigné comme l’un des 50 bâtiments les plus emblématiques du XXe siècle par le Musée d’Art Contemporain de Los Angeles.

Quant à l’immeuble éléphant, situé à l’intersection Ratchayothin au nord de Bangkok, il représente ce qu’on peut deviner être un éléphant géant, l’animal symbole du pays. Les architectes n’ont pas fait dans la dentelle, ce qui a le mérite d’offrir des opinions extrêmes sur l’esthétisme du projet : tantôt original pour les uns, tantôt de très mauvais goût voire hideux pour les autres.

Le renouveau des années 2000

Après la crise de 1997, des progrès ont été faits par la ville en termes d’urbanisme et les projets de gratte-ciels ont été beaucoup mieux pensés, que ce soit au niveau du design, de l’emplacement ou de la valeur énergétique. Les hauts immeubles sont mieux concentrés sans être entassés et se construisent le plus souvent proche des transports publics comme le BTS et MRT, ainsi que proche des futures lignes en construction.

Si la crise financière de 2008 a pu freiner quelques projets, la tendance est à la reprise puisque les projets audacieux abondent et donnent au marché des condominiums une certaine vitalité. Parmi les plus beaux projets de tours d’habitations construites jusqu’ici dans la ville, « The Met » sur Sathorn Road fait figure de tête d’affiche avec ses récompenses reçues pour l’audace de son architecture. Quant au « The River », 2ème plus haut gratte-ciel de Bangkok tout juste terminé, au bord de la Chao Phraya River, l’intérieur y a été dessiné par le cabinet d’architecture français J+H Boiffils.

Mahanakhon, le projet architectural le plus attendu

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Mahanakorn rayonnera sur Bangkok à l’orée 2015

Si la plus haute construction de Bangkok à l’horizon 2015 devrait être la tour de radiodiffusion du groupe MCOT culminant à 369 mètres, mais essentiellement grâce à son antenne, le projet architectural le plus attendu de la capitale reste le gratte-ciel dénommé Mahanakhon. Les travaux ont débuté en 2011 et devraient se poursuivre jusqu’à fin 2014.

Cette tour sera à usage multiple avec un hôtel de 150 chambres, une résidence de luxe gérée par le groupe Ritz-Carlton, un centre commercial et un restaurant/bar sur le toit. La tour culminera à 314 mètres et se situe à deux pas de la station BTS de Chong Nonsi, en plein quartier d’affaires. Le design bluffant de cette tour à l’allure de pixels géants, dessiné par le célèbre architecte allemand Ole Scheeren, fera à n’en pas douter de Mananakorn l’un des symboles de Bangkok pour le futur.

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