Le récent tremblement de terre survenu le 28 mars 2025, avec une magnitude de 7,7 et un épicentre près de Sagaing en Birmanie, a secoué non seulement ce pays, mais aussi la Thaïlande voisine, où ses effets ont été particulièrement ressentis à Bangkok.

Cet événement tragique, qui a causé plus d’un millier de morts au Myanmar (bilan provisoire au 30 mars) et des pertes humaines et matérielles en Thaïlande, soulève une question cruciale : doit-on y voir un avertissement pour la Thaïlande ?

En effet a Thaïlande n’est pas étrangère aux secousses sismiques, bien qu’elle ne soit pas située sur une faille aussi active que celle de Sagaing au Myanmar, responsable de ce séisme. Cette faille, qui marque la frontière entre les plaques de la Sonde et de l’Inde, est connue pour son activité tectonique intense, avec un taux de glissement de 18 à 49 mm par an.

Le séisme de 2025, peu profond (10 km), a libéré une énergie suffisante pour provoquer des destructions majeures au Myanmar et faire trembler Bangkok, à plus de 1 000 km de l’épicentre. À Bangkok, un immeuble en construction de 30 étages s’est effondré, tuant au moins 17 personnes et laissant des dizaines de disparus, tandis que des gratte-ciels ont vacillé, semant la panique.

Ce qui est particulièrement ironique, c’est que le bâtiment était destiné à accueillir le bureau de l’auditeur de l’État, chargé notamment de superviser l’utilisation des fonds publics par les agences gouvernementales. Aujourd’hui, ce sont eux qui font l’objet d’une enquête, et sur les raisons pour lesquelles c’est le seul immeuble de Bangkok en construction (qui en compte beaucoup) qui s’est effondré en quelques secondes.

Une autre réalité troublante réside dans le fait que l’édifice funeste a été construit par une coentreprise réunissant le groupe Italthai et China Railway Number 10 Group, une importante entreprise publique chinoise.

Bangkok : une mégapole bâtie sur un bassin sédimentaire instable

Cet événement met en lumière la vulnérabilité de la Thaïlande, et en particulier de Bangkok, aux séismes distants. La ville repose sur un bassin sédimentaire mou, composé de sols alluviaux meubles, qui amplifient les ondes sismiques, même à grande distance. Cette géologie, combinée à une urbanisation rapide et parfois anarchique, augmente les risques.

L’effondrement d’un bâtiment en construction révèle aussi des failles potentielles dans les normes de construction et la préparation aux catastrophes. Bien que la Thaïlande ait des codes sismiques, leur application stricte et leur adaptation aux réalités locales—comme la hauteur croissante des immeubles—semblent insuffisantes face à de tels événements.

Historiquement, la Thaïlande a connu des séismes locaux, comme celui de magnitude 6,1 à Chiang Rai en 2014, mais elle est plus souvent affectée par les répercussions de séismes majeurs dans les pays voisins, comme le tsunami de 2004 déclenché par un tremblement de terre au large de Sumatra.

Le séisme de 2025 au Myanmar rappelle que la proximité de zones tectoniques actives—Sagaing, Andaman-Sumatra—place la Thaïlande dans une position de risque indirect mais réel. Les experts estiment que des séismes de magnitude 7 ou plus sur la faille de Sagaing, récurrents tous les 100 à 150 ans dans certaines sections, pourraient continuer à affecter la région.

Un manque de préparation flagrant

Pour la Thaïlande, cet événement est un signal d’alarme. Bangkok, avec ses 17 millions d’habitants, ses tours modernes et son infrastructure dense, n’est pas pleinement préparée à gérer les conséquences d’un séisme, qu’il soit local ou distant. La déclaration d’état d’urgence par la Première ministre Paetongtarn Shinawatra et la suspension partielle des transports publics montrent une réactivité, mais aussi un manque d’anticipation. Les témoignages de panique, comme celui de résidents fuyant les immeubles ou de clients évacuant les centres commerciaux, soulignent l’absence d’une culture de préparation sismique généralisée.

Des normes de construction inadéquates

Cela dit, il ne faut pas exagérer le danger immédiat pour la Thaïlande. Elle ne se trouve pas sur une faille majeure comme le Myanmar, et les séismes locaux de forte magnitude y sont rares. Le vrai défi réside dans la mitigation des effets secondaires : amplification des ondes, effondrement de structures mal conçues, et gestion des foules dans une métropole surpeuplée.

Le séisme de 2025 pourrait inciter le gouvernement à renforcer les normes de construction, à investir dans des systèmes d’alerte précoce (bien que limités pour les séismes proches), et à éduquer la population.

En somme, oui, ce tremblement de terre est un avertissement pour la Thaïlande. Il expose les failles d’un système urbain qui, sans être en première ligne tectonique, reste exposé aux soubresauts de la région. Ignorer cet événement serait une erreur ; l’exploiter pour mieux se préparer pourrait transformer une tragédie en opportunité de résilience.

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