Alors que l’occupation de l’aéroport international de Bangkok rentre bientôt dans sa deuxième semaine, la Thaïlande entame une semaine à hauts risques.

Le rassemblement des milices pro Thaksin (UDD) dans le centre ville a déjà provoqué le départ des militants de la PAD du siège du gouvernement, qu’ils occupaient depuis plus de trois mois. 

Officiellement pour des raisons de sécurité (deux attaques à la grenade ont fait deux morts et une cinquantaine de blessés), mais sans doute aussi parce que la proximité des deux sites rendait prévisibles des affrontements, la PAD a préféré replier ses troupes sur l’aéroport de Survanabhumi.

Autant dire que la réouverture de l’aéroport de Bangkok n’est pour l’instant pas à l’ordre du jour, entrainant de lourdes pertes pour l’économie du royaume, fortement dépendante des exportations et du tourisme.

Autre inconnue pour cette semaine : la décision de la Cour constitutionnelle, qui pourrait ordonner la dissolution du PPP (parti pro Thaksin au pouvoir) et de deux partis alliés, pour fraude électorale. Une décision déjà qualifié par avance de « coup d’état juridique » et qui serait certainement très mal accueillie par les partisans de l’ex premier ministre. 

Les quelque 15000 manifestants pro-gouvernementaux vêtus de rouge pourraient alors chercher une confrontation violente avec les contestataires de la PAD habillés en jaune. On risque ainsi d’avoir un sentiment de « déjà vu » avec la dissolution du PPP, un parti lui même issu de la dissolution du TRT (Thai Rak Thai) après le coup d’état militaire de 2006. De fait la dissolution du PPP conduirait certainement à la création d’un nouveau parti au service de Thaksin qui aurait toutes les chances de gagner de futures élections….

Une perspective inquiétante dans le contexte actuel qui est celui d’un pouvoir totalement déliquescent et dont l’impuissance est en train de tourner au tragi comique. Le gouvernement du premier ministre élu en décembre dernier campe toujours à Chiang Mai dans le nord de la Thaïlande, et n’ose plus rentrer à Bangkok. Il semble complètement dépassé par les événements, et a visiblement renoncé à reprendre le contrôle de la situation.

Somchai Wongsawat a perdu le peu de crédibilité qui lui restait, et tente maintenant de diriger la Thailande depuis Chiang Mai, à 800 kilomètres de la capitale. Les manifestants de la PAD exigent toujours sa démission et ont juré de lutter « jusqu’à la mort » si la police intervenait pour les déloger. L’armée lui a déjà « conseillé » de démissionner, et a poliment répondu à sa déclaration d’état d’urgence par une fin de non recevoir.

Pendant ce temps les prévisions économiques pour 2009 ne cessent de s’assombrir, et chaque jour de paralysie des aéroports de Bangkok entame un peu plus la confiance des investisseurs. Les prévisions les plus pessimistes font état d’une diminution de 50% de la fréquentation touristique l’année prochaine, entraînant un million de licenciements. Le Thailand Development Research Institute (TDRI) a rabaissé ses prévisions de croissance à 1,9% pour 2009, si la paralysie des aéroports se poursuivait au delà du 5 décembre.

Le 5 décembre est précisément la date anniversaire du roi de Thaïlande, et beaucoup de Thaïlandais comptent désormais sur son intervention pour sortir le royaume du marasme.