Après les protestation des « Chemises Rouges » au printemps 2010, le Premier Ministre Abhisit Vejjajiva est maintenant sous le feu de la colère des « Chemises Jaunes »,  groupe nationaliste qui critique la politique du gouvernement face au Cambodge.

Dimanche dernier, les « Chemises Rouges » se sont massivement rassemblés à Ratchraprasong pour affirmer leur volonté politique et honorer les morts d’avril et mai 2010. Pour la troisième fois depuis les protestations de l’année dernière, près de 30 000 « Rouges » étaient réunis pour une manifestation plus calme et mieux encadrée que précédemment.

Le gouvernement thaïlandais, empêtré dans des relations diplomatiques délicates avec son voisin le Cambodge, doit également faire face à une nouvelle vague de protestations venant de trois groupes à tendance nationaliste.

Le parti People Alliance for Democracy (PAD) aussi connu en tant que « Chemises Jaunes » a commencé mardi dernier une manifestation sur le pont  Makkhawan Rangsan, et ne compte partir que quand le gouvernement aura accepté leurs revendications.

Chamlong Srimuang
"Si le Premier Ministre Abhisit Vejjajiva accepte de donner suite à nos demandes, nous mettrons fin à notre manifestation", a déclaré Chamlong Srimuang, un des leaders du PAD. Photo : tikpid http://www.flickr.com/photos/27123393@N06

Ils demandent au Premier Ministre Abhisit Vejjajiva de révoquer le protocole d’entente entre la Thaïlande et le Cambodge sur leurs frontières communes, d’annuler la participation du Royaume au comité World Heritage de l’UNESCO et de chasser les Cambodgiens résidant à la frontière que se disputent les deux pays autour du temple Preah Vihear.

Egalement réunis près de la Maison du Gouvernement, le groupe nationaliste Thai Patriot Network et la secte religieuse Santi Asoke soutiennent le PAD dans ses actions et demandent au gouvernement de prendre une décision.

Si notre rassemblement gêne le public, il faut qu’il se rende compte que nous faisons cela pour le bien de notre pays – Chamlong Srimuang

Face à cette vague de critiques et de contestations, le Premier Ministre a affirmé qu’il ne fera en aucun cas suite à ces demandes, la nature des requêtes du PAD étant dangereuse pour le pays et pouvant mener à la guerre. Il estime également qu’un retrait du comité de l’UNESCO ne permettrait pas à la Thaïlande de s’opposer au projet d’aménagement du temple Preah Vihear par le Cambodge.

Alors que le gouvernement se retrouve coincé entre deux feux, et que la Thaïlande semble se diviser de plus en plus à l’approche des élections de cette année, le spectre de la violence refait surface.

Lundi dernier, en fin d’après-midi, ce sont deux bombes artisanales qui ont été retrouvées près des bureaux du Premier ministre (Government House), lieu de rassemblement du PAD. L’homme portant ces armes a été arrêté et prétend avoir été embauché pour placer ces bombes à l’endroit des manifestations.

Plus tard dans la soirée, quatre autres suspects ont été interpellés. Des roquettes et différentes armes de guerre ont été saisis à leur domicile. L’un d’entre eux a affirmé avoir été payé pour faire exploser des bureaux du Premier ministre et perturber le rassemblement du PAD.

Il n’y a actuellement aucune piste quant à l’identité et motivations des instigateurs de cet attentat.