Présenté au Festival de Venise en septembre 2006, le nouveau film d’Apichatpong Weerasethakul, Syndromes and a Century est privé de sortie commerciale dans son pays, la Thaïlande.

Le bureau de la censure a exigé la semaine dernière qu’il soit procédé à quatre coupes, ce à quoi l’auteur se refuse catégoriquement. Selon Charles de Meaux, coproducteur français du film, les scènes en questions montrent un moine qui joue de la guitare, un médecin qui embrasse une jeune fille, des médecins qui boivent de l’alcool, un moine qui joue avec une sorte de yo-yo.

Le cinéaste, qui fut primé à Cannes en 2004 pour son film Tropical Malady, a réagi dans une déclaration écrite :  »En tant que cinéaste, je traite mes films comme je traiterais mes fils ou mes filles. (…) Si mes créations ne peuvent pas vivre dans leur propre pays, pour quelque raison que ce soit, alors qu’elles restent libres. Puisqu’il existe d’autres endroits qui les accueillent généreusement pour ce qu’elles sont, il n’y a pas de raison de les mutiler par peur du système, ou par cupidité. Ou alors il n’y a plus aucune raison pour continuer à faire de l’art. » Le bureau de la censure refuse à Apichatpong Weerasethakul de lui restituer le négatif du film sans avoir préalablement opéré les coupes.

Cette censure a abouti à la rédaction d’une pétition. Dans l’espoir d’influer sur les travaux de l’Assemblée nationale législative, qui prépare une nouvelle Constitution, cette pétition vise à obtenir une réforme de la politique de censure cinématographique qui n’a pas évolué depuis 1930, quand le pays était encore sous un régime de monarchie absolue. « Nous demandons que l’autorité revoie la législation en vue d’abandonner la pratique qui consiste à couper et interdire les films, et qu’elle mette en place un système de classification inspiré de ceux des autres pays libres. »