Sa Majesté le Roi Bhumibol Adulyadej, roi de Thaïlande, aurait fêté le 5 décembre prochain son 89e anniversaire, dont 70 ans de règne à la tête du royaume.
Souverain constitutionnel, chef de l’État et protecteur des religions de Thaïlande, le Roi Bhumibol Adulyadej était le plus ancien monarque en exercice dans le monde.
Cela signifie que 92% des Thaïlandais vivant aujourd’hui en Thaïlande sont nés, et ont vécu toute leur vie sous le règne du roi Bhumibol.
Un destin historique exceptionnel
Pourtant rien ne laisser présager dans la jeunesse du roi l’annonce d’un destin historique exceptionnel, car le trône de la Thaïlande devait d’abord revenir à son frère aîné Ananda.
L’accession au trône du roi Bhumibol en 1950 doit beaucoup aux circonstances historiques : c’est en fait son frère aîné, Ananda Mahidol (20 septembre 1925 – 9 juin 1946) qui aurait du occuper le trône.
Couronné en 1935 à l’age de 9 ans, alors qu’il était en Suisse avec son plus jeune frère, Rama 8 n’est rentré en Thaïlande qu’en décembre 1945 : mais six mois plus tard en juin 1946, il décède dans son lit après avoir été mortellement blessé par une arme à feu.
Les circonstances de la mort de Rama 8 n’ont jamais été clairement élucidées. C’est donc de façon inattendue que son jeune frère le prince Bhumibol lui succède le 9 juin 1946.
Après une période de régence pendant laquelle il termine ses études en Suisse, il revient en Thaïlande en 1950 pour se marier avec la princesse Sirikit Kitiyakorn et pour être couronné.
Bhumibol Adulyadej a été couronné en 1950 sous le nom dynastique de Rama IX. Il est donc le neuvième roi de la dynastie des Chakri, fondée en 1782, prenant la succession des rois d’Ayutthaya défaits par les Birmans.
Ce changement dynastique fut aussi l’occasion de la fondation de Bangkok comme capitale du royaume. Les rois Chakri prirent le nom dynastique de « Rama » : comme neuf d’entre eux se sont succédé sur le trône depuis 1782, le Roi Bhumibol Adulyadej a donc le nom dynastique de Rama 9.
La vénération du peuple thaïlandais pour leur roi est en grande partie la conséquence de l’autorité morale que le roi Bhumibol Adulyadej a gagné durant son règne.
Dans le même temps, elle est enracinée dans les attitudes qui peuvent être retracées aux premiers jours de la Thaïlande comme un État-nation, et dans certains des monarques du passé qui continuent à servir de modèles pour la royauté.
Le roi est mort, vive le roi ?
Après le décès du roi de Bhumibol Adulyadej, la Thaïlande entame une période provisoire de régence. En effet, le prince héritier Vajiralongkorn a demandé un délai avant d’accepter de monter sur le trône.
Le régent est Prem Tinsulanonda, un ancien Premier ministre âgé de 95 ans qui préside le Conseil privé du roi, et selon un article de RFI, il n’est pas en bons termes avec le prince héritier.
Toujours selon RFI, Prem est un bureaucrate conservateur qui a été derrière plusieurs coups d’État, notamment celui de 2006, qui avait renversé l’ ex Premier ministre Thaksin Shinawatra
La succession du monarque reste de toutes façons un sujet à éviter publiquement, même si l’héritier de la couronne a officiellement été désigné en la personne de son fils, son altesse royale le prince (héritier) Maha Vajiralongkorn, né le 28 juillet 1952.
La loi sur les successions proclamée en 1924 par le palais, et consacrée dans les Constitutions suivantes, suit le principe de la primogéniture, ce qui signifie que le prince héritier Vajiralongkorn est l’héritier désigné du roi Bhumibol, et que ses propres fils devraient hériter du trône après lui, par ordre d’ancienneté.
Il est difficile d’en savoir davantage sur cette question dont les médias thaïlandais ne parlent pas à cause des lois de lèse-majesté qui sanctionnent très sévèrement (jusqu’à 15 ans de prison) tout propos tenu sur la monarchie considéré comme une offense.