La Thaïlande est confrontée en ce moment à sa pire sécheresse depuis dix ans, alors que le gouvernement cherche à mettre en place des mesures pour réduire la consommation d’eau dans le pays.
La sécheresse a déjà des conséquences directes sur le niveau de vie d’une partie importante de la population, car environ 40% des Thaïlandais travaillent dans le secteur agricole.
Ainsi le riz hors-saison cultivé entre novembre et mai, et qui nécessite une forte irrigation en raison des faibles précipitations pendant cette période, devrait voir sa production diminuer d’environ 30%.
42 provinces thaïlandaises sont touchées par la sécheresse
Selon le secrétaire de l’agriculture Theerapat Prayoonsit, 42 provinces de Thaïlande risquent de manquer cruellement d’eau dans peu de temps.
Les provinces concernées n’ont pas été nommément désignées, même s’il est de notoriété publique que les ressources d’eau des provinces du Nord-Est s’appauvrissent rapidement et posent de sérieux soucis aux autorités.
M. Prayoonsit s’est voulu cependant rassurant, expliquant que les réserves d’eau contenue dans les barrages du pays étaient suffisantes pour assurer la consommation et qu’elles tiendraient jusqu’à la saison des pluies, qui commence d’habitude au mois de mai.
Il a appelé la population à garder son calme, tout en rappelant que chacun se devait de faire des efforts pour réduire sa consommation d’eau.
Des mesures d’économie mises en place
Le gouvernement a prévu plusieurs réponses à cette sécheresse, mettant principalement en place des mesures dans le but d’économiser l’eau jusqu’au début de la période humide, qui doit débuter entre avril et mai.
Le bureau national de gestion de l’eau a également demandé aux agriculteurs de réduire de manière drastique l’irrigation de leurs cultures.
La Thaïlande essaye ainsi de conserver au maximum les eaux contenues dans les barrages du pays pour éviter une pénurie alors que s’approchent les mois plus chauds de l’année (avril et mai).
Certains analystes estiment également que la sécheresse pourraient avoir des conséquences politique en Thaïlande, en attisant le mécontentement des populations rurales, déjà frustrées par le coup d’Etat militaire de 2014.
Des conséquences économiques importantes
Une réunion avec onze des principales compagnies de production d’eau en bouteille et le département des finances publiques va bientôt avoir lieu pour assurer la stabilité des prix des bouteilles en cas de pénurie d’eau.
Les compagnies du secteur ainsi que le gouvernement craignent une instabilité des prix ainsi que des problèmes de stockage.
Mais les plus touchés par la sécheresse sont en premier lieu les agriculteurs thaïlandais.
Le manque d’eau touche énormément cette partie de la population, qui représente 40% des habitants en Thaïlande, ces derniers cultivant pour la plupart exclusivement du riz.
Et depuis plusieurs années désormais, les agriculteurs doivent faire face aux sécheresses, de plus en plus prononcées.
L’année passée, il leur avait déjà été demandé de diversifier leur production en cultivant des produits moins gourmands en eau que le riz. Le gouvernement avait même débloqué des fonds pour aider les paysans concernés à développer leurs cultures.
La production de riz en baisse
Ainsi le bénéfice était double pour le pays : une consommation d’eau moindre et une montée en gamme des agriculteurs, le riz étant devenu un marché très concurrentiel entre le Vietnam, l’Inde et la Thaïlande.
Mais pour les cultivateurs, les aides financières de la junte ne sont pas assez élevées par rapport aux coûts de production et au coût de la vie.
Conséquence directe de la sécheresse persistante, la production totale de riz a baissé de 16% en un an passant de 19,8 à 16,5 millions de tonnes.
Après la forte concurrence exercée récemment par le Vietnam et l’Inde, c’est un nouveau coup dur pour le secteur du riz en Thaïlande.
Et si la saison des pluies n’était pas la solution tant attendue ?
À cause de l’état aride des sols dû à la sécheresse, les fortes quantités d’eau risquent de ne pas pénétrer correctement dans la terre, causant de violentes inondations.
L’année passée, les provinces de Rayong, Nakhon Nayok, Prachin Buri et Lop Buri avaient été touchées par ces crues. Ces phénomènes de sécheresses suivies d’inondations soudaines, faits directement liés au réchauffement climatique, devraient encore augmenter en Thaïlande d’ici 2050 selon le TDRI (Thailand Development Research Institute).