Après la série d’attentats qui a frappé Bangkok le soir du nouvel an, le gouvernement thaïlandais a mis en cause l’entourage de l’ancien premier ministre Thaksin Shinawatra, qui a aussitôt dementi toute implication depuis son exil.
Les attentats sont « probablement liés à des personnes qui ont perdu leurs privilèges politiques », a déclaré le premier ministre du gouvernement de transition, Surayud Chulanont.
Les principaux auteurs d’attentats en Thaïlande sont les séparatistes du Sud, musulmans et malais, en guerre larvée avec le gouvernement du pays, majoritairement bouddhiste, qui mène une répression sanglante. « D’après les preuves matérielles dont nous disposons, il y a une faible chance que les attentats soient liés à l’insurrection du Sud », a pourtant estimé le premier ministre, rappelant que celle-ci frappait généralement sa région, pas la capitale.
M. Thaksin a rejeté les accusations portées contre lui : « Le gouvernement n’a pas admis que c’était l’œuvre des rebelles du Sud parce que s’il l’avait fait, cela signifierait l’échec de sa nouvelle politique. » L’auteur du putsch, le général Sonthi, a lancé une politique de réconciliation avec la population du Sud depuis son arrivée au pouvoir.
The Nation écrit dans son éditorial. « Jusqu’à présent, ils se croyaient invulnérables aux attaques terroristes, en dépit du fait que la Thaïlande est confrontée à une guerre avec les séparatistes malais musulmans du Sud. » The Nation souligne également « la tragique défaillance de la sécurité nationale ». « Soyez certain que le gouvernement de Surayud Chulanont ainsi que le Conseil de sécurité nationale (CNS) et l’appareil sécuritaire doivent faire tout leur possible pour amener ces terroristes devant la justice, au risque de perdre leur crédibilité voire leur légitimité à gouverner. »
Le Bangkok Post lance pour sa part un appel à « l’unité contre les tueurs » dans son éditorial. Unité du pays mais aussi des autorités. « Etant donné que personne n’a revendiqué les attentats, leur motivation est obscure. Néanmoins, il est clair qu’ils visent à affaiblir le régime militaire et son gouvernement. Les attaques ont été bien coordonnées, avec des explosions quasi simultanées, en deux vagues, sur une vaste zone. Cela indique que les autorités ont affaire à un groupe organisé avec une hiérarchie et des ‘soldats’ désireux et capables de mener des actions violentes. »
Les autorités thaïlandaises privilégient la piste politique. Le lendemain des attentats, le général Premier ministre Surayud Chulanont a déclaré que « des politiciens qui ont perdu le pouvoir et ont souhaité entamer la crédibilité du gouvernement en provoquant l’instabilité politique sont derrière les explosions de Bangkok », rapporte le Bangkok Post.