Conséquence des récentes révélations sur la corruption et les pratiques illégales de la police de l’immigration : les « visas runs » sont désormais impossibles aux frontières terrestres de la Thaïlande.

La Thaïlande continue de mettre en place une politique plus restrictive concernant la délivrance des visas, suite aux attentats de Bangkok du 17 août qui ont fait 20 morts et une centaine de blessés.

Les auteurs, ou complices de l’attentat, étaient en effet entrés en Thaïlande pour certains avec de faux passeports grossièrement falsifiés, avec la complicité de la police des frontières.

L’arrestation d’un des principaux suspects dans l’attentat du 17 août à Bangkok, a mis en lumière le climat de corruption généralisée qui règne dans les services d’immigration en Thaïlande.

La course au visa : illégale, mais longtemps tolérée

Les nouvelles mesures concernent exclusivement la pratique dite des « visas runs », ou course au visa, qui consiste a quitter le pays pour quelques heures pour obtenir un nouveau visa le jour même.

Aucune précision n’a été encore donnée sur le temps minimum à passer hors de Thaïlande pour pouvoir obtenir une nouvelle exemption. En tous les cas au minimum 24 heures.

Attention, les nouvelles mesures ne concernent que les « exemptions de visa » (15 ou 30 jours), c’est à dire le coup de tampon obtenu à la frontière sans demande préalable.

Pour la délivrance des visa de tourisme, le conditions sont inchangées, et elles impliquent depuis novembre 2013 de pouvoir justifier d’un minimum de ressources (environ 500 euros par mois).

Les titulaires de visa autres (O, OA, ED etc…) ne sont pas concernés non plus par les nouvelles restrictions.

La sanction d’une pratique abusive

Les visiteurs de 50 pays, dont les membres de l’Union européenne, séjournant en Thaïlande pour des motifs touristiques, sont dispensés de visa d’entrée : c’est le « transit without visa », une formalité gratuite, et limitée dans le temps.

Certains utilisent cette possibilité, en principe réservée aux touristes, pour effectuer des séjours de longue durée en Thaïlande, pour ne pas avoir à demander le visa correspondant (un visa non-immigrant, ou business plus complexe à obtenir).

Les abus liés à cette pratique ont déjà été sanctionné de manière plus ou moins régulières lorsqu’un voyageur se présentait à la frontière avec un passeport comportant plusieurs « tampons » avec des dates s’enchaînant sans interruption sur une longue durée.

« L’ordre est pas nouveau. A l’origine, les policiers ont été autorisés à donner des visas consécutifs au cas par cas. Mais dans la situation actuelle de sécurité accrue, les critères sont appliqués de manière stricte »,

a déclaré un responsable du Bureau de l’immigration au Bangkok Post.

Certaines sociétés proposaient même avec la complicité de la police d’obtenir un nouveau tampon d’entrée de sortie à des étrangers sur leur passeport, sans même faire le déplacement.

Une restriction d’application immédiate

Désormais le refus est systématique pour une demande d’exemption effectuée le jour même de la sortie lorsqu’on transite par voie terrestre (pour le moment la mesure ne semble pas s’appliquer aux voyageurs transitant par voie aérienne).

A noter que le dépassement de durée de séjour autorisé (overstay) entraîne une amende de 500 baht par jour payable à l’aéroport. A éviter donc sauf pour une très courte durée (quelques jours).

L’overstay est également une infraction pénale qui peut être sanctionnée par de l’emprisonnement, même si en pratique c’est la solution de l’amende qui est appliquée.