Il ne fait pas bon être flic en ce moment en Thaïlande : la police thaïlandaise se retrouve de nouveau montrée du doigt dans deux affaires assez embarrassantes.
La première, sans doute celle qui risque d’avoir le plus de conséquences, concerne la police de l’immigration.
L’arrestation d’un des principaux suspects dans l’attentat du 17 août à Bangkok, qui a fait 20 morts et une centaine de blessés, a mis en lumière le climat de corruption généralisée qui règne dans les services d’immigration en Thaïlande.
Le premier suspect arrêté qui détenait du matériel destiné à fabriquer des bombes à son domicile est en effet entré en Thaïlande avec un faux passeport turc de très mauvaise qualité (comportant deux dates d’expiration…) : il a donc déclaré à la police de Bangkok avoir versé une « amende » de 20.000 THB pour pouvoir quand même franchir la frontière.
Ces déclarations ont provoqué la colère du chef de la police et du Premier ministre, ainsi que le « transfert » de plusieurs unités de polices présentes à la frontière cambodgienne.
Un récent rapport sur la police des frontières et remis au Premier ministre, et rendu public ce qui est inhabituel, détaille de manière assez précise les principales pratiques douteuses de la police des frontières :
- Permettre à des immigrants illégaux d’entrer en Thaïlande en échange de pots de vin, ce qui facilite le trafic de main d’œuvre clandestine.
- Offrir, moyennant rémunération de 12.000 à 15000 baht, de prolonger illégalement le séjour des étrangers en Thaïlande : en facilitant l’obtention de visas d’étudiants pour des étrangers sans assister effectivement à des cours dans des établissements d’enseignement, ou changer un visa de touriste pour un visa d’affaires.
- Accepter des arrangements de visa run successifs pour les étrangers afin de prolonger leur séjour de 15 ou 30 jours.
- Appliquer de faux tampons de séjour en Thaïlande pour des immigrants illégaux pour les aider à obtenir l’entrée dans des pays tiers.
- Vendre des cartes Tor mor 6 documents à des Laotiens et Vietnamiens qui sont entrés dans le pays de manière irrégulière pour travailler. (Note le TM6 est la carte à double volet à remplir à l’arrivée en Thaïlande et qui est en général agrafée dans votre passeport).
- Exiger des frais excessifs des étrangers en échange de visa à l’arrivée dans les aéroports internationaux de Don Meuang et de Suvarnabhumi.
Selon le chef de la police générale Somyot Poompunmuan environ 6.000 visiteurs font chaque jour une demande de visa à l’arrivée (NDLR: ne pas confondre avec l’exemption de visa gratuite) et chacun a dû payer une commission de 300 bath.
Toujours selon le chef de la police « Les montants totaux perçus de manière illégale s’élèvent à 1.8 millions baht par jour ».
L’enquête bâclée du double meurtre de Koh Tao
Mais le plus grave est sans doute le meurtre sauvage à l’arme blanche sur une plage de Koh Tao en septembre 2014 de Hannah et David Miller Witheridge.
Les corps de David Miller, 24 ans, et Hannah Witheridge, 23 ans, avaient été découverts le 15 septembre à l’aube sur une plage de Koh Tao, battus à mort avec un gourdin et un ustensile de jardin.
Après des semaines d’enquête, la police thaïlandaise (qui a négligé de boucler l’île après avoir découvert le meurtre) a arrêté deux jeunes travailleurs migrants originaire de Birmanie.
Mais les deux jeunes hommes âgés de 21 ans ont ensuite rétracté leurs aveux, en déclarant qu’ils ont été torturés pendant les interrogatoires.
Pas de preuves scientifiques
Aujourd’hui on apprend à la suite d’une seconde expertise menée par le ministère de la justice, que le sang retrouvé sur l’arme du crime ne correspond pas avec l’ADN des deux suspects arrêtés par la police.
C’est le résultat d’une analyse effectuée par Pornthip Rojanasunand, chef de l’Institut central des sciences judiciaires : un témoignage vital pour la défense parce que son organisme est indépendant de la police royale thaïlandaise.
L’affaire a eu un retentissement considérable dans les médias, car jamais auparavant l’île de Koh Tao n’avait été associée à un endroit dangereux.
Il existe plusieurs théories circulant sur Koh Tao à propos de qui a tué Witheridge et Miller. La plupart mettent en cause des hommes associés à une famille thaïlandaise dominante sur l’île, une de celles qui gèrent plusieurs écoles de plongée, clubs et bars.
La police locale a pourtant dès le début de l’enquête exclu la possibilité qu’un Thaïlandais puisse être coupable, orientant immédiatement ses recherches vers d’autres touristes, ou des travailleurs birmans présents sur l’île.
2 comments
En faite, je ne sais pas vraiment, je ne parle pas le thaïlandais… mon commentaire précédent ne compte pas.
C’est un problème, à Koh-Samui et à Pattaya pour déposer plainte à la police, ils vous demandent de l’argent… .
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