Exclue de la vie politique pour cinq ans, et menacée de poursuites pénales à cause des pertes générées par le programme de subvention au riz : l’avenir de Yingluck Shinawatra s’est brusquement assombri dans la journée du 23 janvier.
Dès ce matin, et avant même d’attendre la décision de l’Assemblée législative nationale (ALN), concernant la procédure d’impeachment à l’encontre de l’ancienne Première ministre de Thaïlande, le procureur général a décidé d’inculper Yingluck Shinawatra, ouvrant la voie à des poursuites pénales.
Le procureur a en fait suivi les recommandations de la Commission nationale anti-corruption en retenant contre Yingluck Shinawatra les charges de « manquement au devoir » (derelection of duty) en ce qui concerne les pertes colossales engendrées par le programme gouvernemental d’achat de riz.
Les accusations contre Yingluck découlent de la mise en place d’un programme de subventions de riz par lequel le gouvernement de Mme Yingluck a acheté du riz aux agriculteurs thaïlandais à un prix beaucoup plus élevé que les cours du marché mondial.
Les enquêteurs anti-corruption ont accusé Mme Yingluck et son parti d’utiliser le système pour acheter les votes des agriculteurs, et permettre aux proches du gouvernement d’en tirer profit.
Les accusations de corruption
L’affaire révélée par la NACC met en lumière une des nombreuses manipulations liées au programme de subvention du riz : un contrat de gouvernement à gouvernement de cinq millions de tonnes de riz signé avec la Chine en 2012.
Ce contrat n’a en vérité jamais existé, si ce n’est sous forme d’un chèque encaissé au profit d’un société liée à un dirigeant des « Chemises Rouges ».
La société basée à Guangzhou chargée de l’exécution de la transaction, GSSG Import et Export Corporation, était représentée par Rathanit Sojirakul, un collaborateur du député Pheu Thai Rapeephan Phongruangrong, qui est aussi la femme du leader chemises rouges pro-Shinawatra » Arisman Phongruangrong.
L’ancien Premier ministre Yingluck Shinawatra a nié en bloc toutes les accusations de négligence devant l’Assemblée législative nationale (ALN).
Mais celle-ci étant majoritairement composée de membres désignés par le gouvernement militaire en place, Yingluck Shinawatra avait peu de chance d’échapper à un verdict de culpabilité.
Exclue de la vie politique pour cinq ans
Le verdict de l’Assemblée Nationale adopté à une écrasante majorité, 190 voix sur 220, signifie que Yingluck Shinawatra ne pourra pas se présenter aux prochaines élections, dont la date n’a toujours pas été fixée par le gouvernement militaire.
Le sujet est sensible en Thaïlande, car ce nouveau coup porté à la famille Shinawatra pourrait provoquer le réveil des « Chemises rouges » restées étonnamment calmes depuis le coup d’État de mai 2014.
Le General Prayuth, qui a dirigé le coup d’État, a mis en garde les partisans de Mme Yingluck contre l’organisation de manifestations en signe de protestation, rappelant que la loi martiale est toujours en vigueur en Thaïlande. Cette loi interdit les rassemblements publics de plus de cinq personnes.