La police thaïlandaise a la réputation d’être notoirement corrompue, et des affaires impliquant des policiers soupçonnés d’avoir accepté des pots de vin sont régulièrement révélées par la presse locale.
Mais cette fois les choses semblent s’éloigner du scénario habituel et prendre un tour un peu différent : pour la première fois de très haut gradés sont mis en cause, d’importantes sommes ont été saisies (1 milliard de baht en liquide selon la chaîne Thai PBS, soit 25 millions d’euros environ) et deux officiers sont en outre accusé de crime de lèse-majesté.
Autant de signes qui démontrent qu’il pourrait s’agir d’un tournant dans la lutte contre la corruption, davantage qu’un coup de semonce ordinaire destiné à effrayer les lampistes.
Le gouvernement du général Prayuth a plusieurs fois annoncé qu’il entendait faire de la lutte contre la corruption une des ses priorités.
Aucun détail n’a filtré pour le moment sur le contenu des accusations de corruption qui sont reprochées aux accusés, mais si elles sont confirmées elles mettraient en jeu des sommes considérables, même au niveau de la Thaïlande.
Accusations de lèse-majesté
Quant à l’accusation de lèse majesté, son contenu n’est jamais révélé en public (pour éviter d’éventuelles poursuites), mais le fait que des policiers se retrouvent eux mêmes accusés de lèse-majesté est très surprenant, voire inédit.
En Thaïlande il s’agit d’une accusation très grave qui peut entraîner des condamnations allant jusqu’à 15 années de prison.
Selon les informations des médias thaïlandais, deux officiers de police sont accusés de lèse-majesté en vertu de l’article 112 du Code criminel, de corruption en vertu des articles 148 et 149 du Code pénal, d’abus de pouvoir en vertu de l’article 157 du Code criminel, et de violation de la loi sur le blanchiment d’argent.
Les relations entre l’armée thaïlandaise et la police sont parfois décrites comme assez tendues, mais depuis l’arrivée au pouvoir du général Prayuth elles ont pris un caractère presque conflictuel.
Les militaires accusent notamment la police d’être inféodée au clan Thaksin, et d’avoir fermé les yeux sur les importants stock d’armes amassés par les « Chemises Rouges » pendant les manifestations. Ces armes ont ensuite servi a tirer sur les militaires pendant les manifestations, et c’est sans doute cela qui a entretenu les rivalités entre les deux institutions.