La Thaïlande pourrait s’apprêter à lever l’état d’urgence mis en place par le gouvernement dans la capitale et ses environs il y a deux mois après les violences lors des manifestations anti-gouvernementales. Les difficultés économiques causées par cette décision du gouvernement en seraient la principale cause. Hausse du chômage, baisse du tourisme, croissance ralentie, c’est maintenant tout l’équilibre du pays qui est menacé.
« Les entreprises ont demandé la levée de l’état d’urgence maintenant que la situation s’est calmée »,
a affirmé le secrétaire-général du Conseil national de sécurité Paradorn Pattanathabutr.
Ce dernier s’est voulu rassurant en affirmant qu’il y avait de très fortes chances pour que l’état d’urgence à Bangkok et ses provinces soit levé d’ici peu de temps.
Un dispositif permettant aux forces de l’ordre d’intervenir pour disperser les manifestants
Le dispositif d’état d’urgence a été mis en place le 21 janvier à Bangkok et dans trois provinces environnantes afin de mieux contrôler les rassemblements du People Democratic Reform Committee (PDRC), tel que s’est baptisé le mouvement anti-gouvermental qui demande depuis début novembre la démission du gouvernement de Yingluck Shinawatra. Cette loi d’exception permet aux forces de l’ordre de disperser les foules et interdit aussi tout rassemblement public.
Le 19 février, une décision du tribunal civil avait fortement limité le champ d’application de cette loi , empêchant l’usage de la force pour disperser les manifestants.
C’est un projet de loi d’amnistie qui avait mis le feu aux poudres en novembre 2013. Cette loi aurait permis d’amnistier tous les dirigeants politiques en jugement ou condamnés pour des crimes liés à la situation politique depuis 2006, y compris l’ancien Premier Ministre Thaksin Shinawatra, renversé lors d’un coup d’état en septembre et qui s’est exilé à Dubaï en 2008 peu avant sa condamnation en Thaïlande à deux ans de prison pour abus de pouvoir. Selon les opposants au gouvernement de Yingluck, mené par l’ancien député du parti Démocrate Suthep Thaugsuban, cette loi d’amnistie aurait servi uniquement à faire revenir Thaksin à la tête du pays. Sous la pression des manifestants, le gouvernment de Yingluck l’a remise dans le tiroir au début de novembre alors qu’elle était en train d’être discutée par le Sénat.
23 personnes ont été tuées, dont trois enfants depuis le début des manifestations
Depuis le début de la crise politique, 23 personnes ont été tuées, dont trois enfants, dans des explosions de grenades ou lors d’échanges de coups de feu. Les manifestants anti-gouvernementaux se sont retirés des principaux lieux de la capitale qu’ils occupaient depuis trois mois pour se regrouper au parc de Lumpini, un vaste jardin public doté de lacs et de pistes de jogging dans le centre-ville. Cependant, les violences persistent : trois personnes ont été blessées ce mardi lors d’une explosion à Lumpini.
Les membres du PDRC ne se découragent pas pour autant et espèrent que la Cour constitutionnelle, souvent considérée comme favorable aux anti-Thaksin; pourra éventuellement provoquer la destitution de la Première Ministre Yingluck Shinawatra.
Le pays en attente de nouvelles élections
Alors que les élections législatives du 2 février ont été fortement perturbés par les manifestants anti-gouvernementaux, le pays est maintenant dans l’attente d’un nouveau round électoral pour permettre de compléter le scrutin inachevé et mettre en place un nouveau gouvernement.
La Première Ministre, quant à elle, a affirmé à Reuters, qu’elle voulait que
« chaque côté attende la décision de la Cour Constitutionnelle (qui doit décider de la validité du scrutin du 2 février). Plus tôt elle sera prise, plus tôt nous pourrons procéder à de nouvelles élections. Nous avons gaspillé assez de temps et d’opportunités. »