Chaque jour apporte son lot de mauvaises nouvelles pour le gouvernement par intérim de Yingluck Shinawatra, qui se retrouve confronté à un nombre croissant de difficultés.
Il y a deux jours les épargnants se sont rués vers les guichets de la Government Saving Bank (sorte de Caisse d’épargne thaïlandaise, où les dépôts sont garantis par le gouvernement) lorsqu’ils ont appris que leur banque allait prêter de l’argent au gouvernement pour rembourser les riziculteurs : en une seule journée ils ont retiré 30 milliards de baht.
Le président de la GSB a dû revenir sur sa décision en catimini et présenter sa démission.
Hier c’est la Cour de justice de Bangkok qui a validé l’état d’urgence décidé par le gouvernement depuis le 22 janvier, mais en limitant considérablement son application : dorénavant le gouvernement ne sera plus autorisé à faire usage de la force pour disperser les manifestants.
Aujourd’hui ce sont des dizaines de milliers de fermiers en colère qui font route vers Bangkok avec leurs tracteurs pour réclamer le paiement de leur récolte de riz. Une situation potentiellement explosive pour le gouvernement thaïlandais, car c’est son électorat qui semble maintenant se retourner contre lui.
Un gouvernement en sursis
Le gouvernement Shinawatra semble peu à peu s’effondrer sous la pression des événements et des difficultés économiques. Alors que l’opération anti émeutes lancée mardi par le gouvernement Shinawatra a fait l’objet de violents affrontements entre la police et les manifestants, causant la mort de cinq personnes et faisant plus de 60 blessés, le PDRC emmené par Suthep a quand même réussi à bloquer l’accès du Premier ministre à ses bureaux provisoires.
Un nouveau camouflet pour le gouvernement et surtout pour Chalerm Yubamrung qui dirige le CMPO (Centre for Maintaining Peace and Order) la structure ad hoc chargée du maintien de l’ordre à Bangkok.
S’ajoutent à cela les agriculteurs des provinces qui se mobilisent, allant jusqu’à se déplacer dans la capitale pour réclamer le financement de leur riz dans le cadre d’un programme de subvention de l’Etat promis par la Première Ministre.
Ce programme populiste avait servi de tremplin électoral à la première ministre lors de sa campagne, avec la hausse du salaire minimum et « One tablet One child », qui permettrait de fournir une tablette pour chaque écolier.
Des accusations de corruption liée au programme de subvention du riz
Mais cet engagement qui avait pour but de redonner un coup de pouce à l’économie des régions les plus pauvres n’a pas pu être tenu. La commission anti-corruption affirme que Mme Shinawatra était au courant du problème de corruption dans le programme du riz, mais n’a pas réussi à l’arrêter.
La Première Ministre a donc été convoquée par la commission anti-corruption afin de l’inculper pour sa négligence dans le cadre du programme de subvention du riz. Elle devra répondre des deux charges le 27 février prochain : la première pour abus de pouvoir menant à la corruption, ce qui risque de lui coûter une mise en accusation, et la seconde pour malversation.
Le gouvernement, déjà fragilisé lors de la dissolution du parlement en décembre dernier, se retrouve dans une impasse. La Première Ministre par intérim, qui comptait sur les élections de février pour retrouver une place légitime puisque élue par la majorité, ne peut pas prendre de décisions importantes sans l’aval du Parlement.
Mais ce lui-ci ne peut se réunir faute d’un quorum suffisant. Il faudra organiser de nouvelles élections partielles qui devraient se tenir en avril pour pouvoir ouvrir une nouvelle session parlementaire.
D’ici là, le gouvernement devra se contenter des pouvoirs limités que confèrent le statut de « gouvernement par interim », une position qui risque de devenir rapidement intenable face à l’accumulation de problèmes qui se profilent à l’horizon.
7 comments
Peut-on encore l’appeler bonze? Je ne pense pas, porter la robe ne fait pas de vous un moine, ça serait trop simple. Sur le fond de l’article avez-vous quelque chose à dire? Nous ne sommes pas sur twitter hein. Vous parlez d’une vidéo que personne n’a vue, on ne sait même pas de quelle chaîne vous parlez, comment voulez-vous qu’on puisse discuter? Par contre, si c’est pour faire de la propagande l’effet est mitigé…
Pour ce qui est de s’offusquer du cash, si vous vivez en Thaïlande, vous devriez savoir que les espèces ne manquent pas, y’en a énormément, il suffit de regarder ce que sortent de leurs poches les clients aux guichets des banques. Se plaindre qu’un homme paie la facture de l’hôtel de son staff, c’est assez fort.
Quelqu’un peut-il me dire d’où vient la liasse de billets tout neufs que le bonze « Issara », un des partisans de Southep, a sortie pour payer les services demandés à l’hôtel auprès duquel il était installé avec les manisfestants ( image aperçue à une chaîne de télé thai )???
Faut arrêter de confondre politique sociale et politique populiste, car la première peut s’avérer nécessaire alors que la seconde à part apporter du chaos ne fait que mettre en péril l’avenir d’une nation.
Permettre aux plus pauvres de se soigner c’est social, garantir aux paysans un rachat du riz à un prix supérieur au marché alors qu’on ne sait même pas comment financer ça, ce n’est rien de plus que du populisme. Qui va subir les effets de cette foutaise si ce n’est les paysans? Voilà ce qu’est la politique des Shinawatra, faire croire que tout est possible alors qu’ils ne font que pousser les plus pauvres au bord du gouffre.
Pour ce qui est de Suthep, qui l’aime? Peu de monde mais qui dit le contraire? Pour les manifestants il n’est rien d’autre qu’un type qui ose ouvertement lutter contre Thaksin alors que de nombreux politiciens n’osent plus prendre position trop ouvertement par crainte qu’un jour Thaksin obtienne ce qu’il veut réellement… Les manifestants soutiennent plus un homme comme l’ancien premier ministre plutôt que Suthep, non sans raison.
Après pour ce qui est de « suspendre la démocratie », il faut bien comprendre que la démocratie n’a jamais existé dans les faits, pas plus en Europe occidentale qu’en Thailande, on devrait plus parler des systèmes dites démocratiques car les nuances entre l’idéal et les faits sont désormais trop nombreuses.
Ben voyons.. Yinluck et son grand frère ont les poches pleines d’argent détourné. La corruption tourne à plein régime et d’une manière à peine déguisée. Emprunter de l’argent ( et donc payer des intérêts sur le dos des contribuables) pour rembourser leur magouilles ? Les Thaïs nouvelle génération ne veulent plus de ces combines. Ils veulent des responsables compétents, éduqués. Certains penseront que c’est de l’utopie mais je vois aujourd’hui des gens déterminés, prêts à aller jusqu’au bout..
Bonjour, et pourquoi au contraire ne pas croire en la sincérité de ces « quelques riziculteurs »? Si comme annoncé dans l’article ils sont plus de 10000 en route avec leurs tracteurs… ça commence à faire un peu de monde sur la route. Pour donner un ordre de grandeur, les manif contre l’éco-taxe en France n’avaient réuni « que » 4000 camions le 16/11… et on a vu les conséquences sur la route et sur ce projet. Bref, attendons demain ou samedi de leur nombre pour juger. Ensuite, le fait que Suthep aille dans le sens des paysans malgré le fait qu’il ait toujours été contre ce type de subvention n’est pas antinomique en soit. D’abord il reste un politicien et ensuite il va jusqu’au bout de sa logique pour faire passer son message que je vais schématiser: vous avez « acheté » votre électorat et bien maintenant assumez les conséquences et payez ce que vous avez promis…il dénonce un modèle tout simplement. En Juin 2013 Le Monde avait déjà sorti un article sur le sujet: « En juillet 2011, son gouvernement (de Mme Shinawtra) avait décidé de soutenir le pouvoir d’achat de son électorat rural en surpayant de 50 % la tonne de riz par rapport au prix du marché, soit 500 dollars (380 euros) la tonne. Les agriculteurs ont été ravis. Mais l’heure de l’addition a sonné. » L’addition annoncée par Le Monde arrive finalement avec 8 mois de retard. Je suis d’accord sur les casseroles de Suthep mais j’aurais plutôt indiqué celles pour corruption qu’il a eu dans le passé. C’est mon avis mais je trouve la coïncidence un peu grosse entre son inculpation de complicité de meurtre (oui il autorisé l’utilisation de la force en 2010) et la tentative dans la foulée de faire passer une loi d’amnistie générale pour les politiques; proposition de loi qui est tout de même l’élément déclencheur des manifestations. Pour moi à ce stade nous avons dépassé la lutte des classes ou de couleurs, une opposition entre un parti politique minoritaire frustré contre un parti politique majoritaire depuis 20ans; nous sommes arrivé à un point de non retour ou une personne (famille Taksin) cristallise trop de choses autour d’elle / d’eux pour arriver à redonner à la Thaïlande une unité / stabilité. Je ne veux pas être donneur de leçon mais qu’un gouvernement démocratique ayant à sa tête une personne qui se sait être l’objet de toutes les suspicions puisse tenter ce genre de proposition de loi est: -Une gifle à la démocratie, -D’une inconscience totale pour la stabilité politique du pays – Pour beaucoup le révélateur de la corruption qui règne chez les politiques… De ce fait, tout comme vous, qu’un personnage politique veuille passer outre tous les organes démocratiques pour créer un pseudo conseil populaire mes choque (de part notre culture et notre vision d’un type de démocratie ?). Il y’a quand même un bilan à tirer c’est que le pays est dans une impasse.On ne peut transposer le même modèle démocratique dans chaque pays et c’est d’ailleurs comme cela que le populiste Suthep le présente: il s’agit pour lui d’un combat politique dont dépend le bien-être du pays, et non pas d’un “concours de démocratie”. On ne peut qu’admettre que le gouvernement et les événements lui ont donné des arguments extrêmement solides.
Après plusieurs mois de conflit, de discours et d’articles en tout genre, partial, impartial, menteur, manipulateur. Bref, chacun s’y intéressant a eu amplement le temps de faire quelques recherches, et de se forger son idée sur la question… C’est à peu près ce qu’un taxi m’a dit aujourd’hui même à Bangkok ; idem pour la population du Nord et les riziculteurs ; pourquoi croyez-vous qu’il n’y ait aucun réel mouvement de soutien au gouvernement ?
L’interprétation de la situation que vous faites dans cet article est partiale. Comment croire en la sincérité de ces quelques riziculteurs qui se joignent à Suthep pour demander le payement de leur riz, alors que Suthep a toujours été fermement opposé à cette politique, qu’il veut la supprimer et que ce sont précisément ses manifestations qui empêchent la reprise des paiements ? Par ailleurs, le gouvernement n’est pas dans une impasse. Il faut rappeler que c’est lui qui a décidé la dissolution du parlement pour redonner la parole au peuple (seul souverain selon la constitution Thaïlandaise en vigueur). Suthep fait son maximum pour empêcher que ces élections aient lieux, il veut reverser le gouvernement, « suspendre la démocratie » hors de tout contexte légal ou constitutionnel, pour mettre en place une réforme qui vise principalement à empêcher définitivement qu’un des courants politiques majeurs du pays (actuellement au pouvoir et toujours largement soutenu dans le pays alors que celui de Suthep n’a pas gagné une seule élection depuis 23 ans) puisse revenir au pouvoir. Ni les moyens ni les buts ne sont démocratiques et cela est une pure évidence. Les institutions (Cour Constitutionnelle, Commission électorale, commission anti corruption, l’armée et nombre de tribunaux sont à l’évidence favorables à l’opposition par solidarité de classe (la bourgeoisie dominante de Bangkok). Vous appelez populiste une politique qui est sociale alors que Suthep lui n’arrête pas de faire du populisme dans ses discours comme quand il exagère de manière caricaturale la réalité de la corruption pour faire accepter au gens une perte de démocratie qui rimerait avec propreté. Pourtant, la Thaïlande est le pays le moins corrompu de la région d’après l’observatoire international de la corruption et l’on sait que moins un état est démocratique et plus il est corrompu (c’est logique avec moins de contre pouvoir qu’en démocratie). De surcroît, Suthep est très peu crédible en la matière, ayant lui même à faire face à de nombreuses charges en justice (y compris pour complicité de meurtre).
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