Les généraux qui ont pris le pouvoir à Bangkok ont accentué jeudi 21 septembre leur emprise sur la Thaïlande, alors que leur meneur, le général Sonthi Boonyaratglin, annonçait la veille ne s’installer au pouvoir que pour deux semaines – délai au terme duquel l’armée se retirera et un premier ministre civil sera nommé.

Les auteurs du coup d’Etat ont d’abord confirmé, jeudi, leur volonté de contrôler l’information. Les responsables des médias nationaux ont été convoqués au quartier général de l’armée pour se voir ordonner de « restreindre, contrôler, arrêter ou supprimer des informations qui pourraient avoir un effet sur la monarchie constitutionnelle ». Ils ont ensuite, dans un communiqué diffusé par la télévision nationale, interdit aux partis politiques d’organiser des réunions ou de mener toute manifestation.

Puis un nouveau communiqué a indiqué que les putschistes s’autorisaient à promulguer les lois en l’absence du Parlement suspendu. « Dans l’intérêt du pays, étant donné qu’il n’a plus d’Assemblée ni de Sénat, les lois requérant une adoption par l’Assemblée et le Sénat seront promulguées par l’exécutif militaire intérimaire », indique le texte. Un exécutif « intérimaire » qui s’est même doté d’un nouveau nom : le Conseil pour la réforme démocratique sous la monarchie constitutionnelle.

La reprise en main s’est également manifestée par la convocation de deux ex-ministres, proches de Thaksin Shinawatra, le premier ministre renversé. Au total, au moins quatre lieutenants de l’ancien chef du gouvernement restaient détenus dans la soirée de jeudi. Enfin, les auteurs du coup d’Etat ont annoncé avoir limogé quatre personnalités, dont le chef des services de renseignements et les numéros deux et trois de la police.

« REPOS MÉRITÉ »

La menace d’un coup de théâtre semble pourtant peu probable. M. Thaksin a même jeté l’éponge depuis Londres, au moins provisoirement, prenant acte de son renversement après le soutien tacite du vieux roi Bhumibol Adulyadej aux putschistes, et l’approbation d’une majorité des habitants, annoncée par un sondage et pour l’instant confirmée par l’absence de manifestations. « Nous espérons que le nouveau régime organisera rapidement des élections législatives et maintiendra les principes de la démocratie, pour l’avenir de tous les Thaïlandais », a indiqué le premier ministre renversé, affirmant vouloir désormais prendre « un repos mérité ».

Sur le terrain, les troupes restent bien présentes et visibles, mais leur nombre a diminué et les soldats semblent chaque jour gagner en décontraction.

L’opposition, elle, est dans l’expectative. Si elle semble ne pas croire que le coup d’Etat s’éternisera, son chef de file, Abhisit Vejjajiva (Parti démocrate), a néanmoins demandé aux militaires de donner davantage de signes d’ouverture, notamment en avançant de six mois les élections censées se tenir dans un an. »Nous sommes convaincus qu’ils ne veulent pas rester au pouvoir, et que leur tâche est de remettre le pays sur la voie démocratique, a déclaré M. Vejjajiva. Mais ils doivent le prouver, et le plus vite possible ».