L’Union européenne (UE) a annoncé dernièrement la suspension des sanctions pour une année, ne conservant que l’embargo sur les ventes d’armes. Mais des groupes de minorités ethniques birmanes exhortent la communauté internationale à fixer des repères ou des étapes plus précis pour la levée progressive des sanctions internationales.

« Aujourd’hui plus que jamais, il est important de faire entendre nos voix, » a dit à IRIN Zipporah Sein, secrétaire générale de l’Union nationale Karen (KNU), le 27 avril. « Si les sanctions doivent être levées, il faut absolument mettre en place des repères spécifiques. »

Considérée comme un élément essentiel pour le développement du Myanmar, la suspension des sanctions de l’UE annoncée le 23 avril est vue comme une nouvelle reconnaissance des récentes réformes politiques du président birman U Thein Sein ; des réformes qui incluent la libération de centaines de prisonniers politiques, de nouvelles lois autorisant les syndicats et la grève, un assouplissement graduel des restrictions sur les médias, et des accords de cessez-le-feu avec divers groupes ethniques rebelles.

Beaucoup sont convaincus qu’un réel progrès vers la démocratie ne peut avoir lieu tant que ce pays, connu autrefois sous le nom de Birmanie, n’aura pas fait la paix avec tous ses groupes ethniques. Photo: Yukari Sekine

Le gouvernement birman a toujours eu des relations conflictuelles avec ses minorités ethniques

Les minorités représentent environ un tiers des 54 millions d’habitants du pays ; beaucoup se battent pour obtenir davantage d’autonomie ou la sécession pour leur région depuis que le pays a obtenu son indépendance de la Grande-Bretagne en 1948. Au week-end, les leaders du Conseil Fédéral des nationalités unies (UNFC), une coalition rassemblant 11 des groupes ethniques birmans les plus importants – dont les Mon, les Chan, les Karenni, les Chin et les Kachin – ont publié une déclaration annonçant qu’ils étaient prêts à rencontrer le négociateur en chef du Myanmar, U Aung min, afin de présenter leur version d’une feuille de route pour une paix durable. A la fin de 2011, le gouvernement a lancé des initiatives de paix avec plusieurs des armées ethniques du Myanmar.

« L’UNFC a la même position que Daw Aung San Suu Kyi [leader de la Ligue nationale pour la démocratie, la LND, le principal parti d’opposition birman], » a indiqué le vice-président de la KNU, David Tharc Kabaw, durant la rencontre qui s’est tenue en Thaïlande du nord près de la frontière birmane. « Nous soutenons [le principe de] l’Etat de droit, de l’amendement de la constitution et la construction de la paix intérieure. »

M. Tharc Kabaw, comme certains membres de l’UNFC, maintient que le dialogue politique, et non le développement des ressources, doit être la priorité une fois que le cessez-le-feu aura été obtenu dans tout le pays.

Assouplissement des sanctions

La décision de l’Union européenne d’assouplir les sanctions fait suite à l’annonce de Washington indiquant que les Etats-Unis s’apprêtaient à relâcher une partie des restrictions financières imposées au pays, pour soutenir certains projets humanitaires et de développement.

« Ces [changements] sont une réponse à ce que nous considérons comme des élections parlementaires tout à fait positives, » a déclaré dans un communiqué du 17 avril Mark Toner, porte-parole du ministère américain des Affaires étrangères.

Moins d’une semaine plus tard, le Premier ministre japonais Yoshihiko Noda annonçait à son tour que son gouvernement allait à nouveau accorder des prêts au Myanmar et annulait 3,7 milliards de dollars de la dette détenue par cette nation pauvre, après les élections partielles au Myanmar, qui ont permis au parti d’Aung San Suu Kyi, au début du mois d’avril, de gagner 43 des 44 sièges en jeu.

Selon le Japan Times, quelque 61 million de dollars ont également été promis pour aider les minorités ethniques, améliorer les soins médicaux et pour d’autres programmes de développement rural ; des projets de prévention des catastrophes doivent également être mis en place. Le Canada quant à lui a suspendu ses sanctions le 24 avril.

Source et dossier complet sur : MYANMAR: Allégement des sanctions – Les minorités ethniques appellent à la prudence

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