Alors que le conflit dans le sud de la Thailande rentre dans sa sixième année, et a déjà fait plus de 3500 victimes (en majorité des civils), Amnesty International vient de rendre public un rapport accablant sur l’utilisation de la torture dans les provinces du sud où l’insurrection fait rage.
Les forces de sécurité thaïlandaises en campagne anti-insurrectionnelle dans les provinces du sud où règne la violence ont systématiquement recours à la torture et à d’autres formes de mauvais traitements : c’est ce qu’expose un nouveau rapport d’Amnesty International sur la Thailande. L’organisation a appelé le gouvernement thaïlandais à prendre des mesures énergiques pour mettre fin immédiatement à de telles pratiques, et à faire le nécessaire pour que tout membre des forces de sécurité ayant eu recours à la torture soit tenu de rendre des comptes.
Ce n’est sans doute pas une coïncidence mais le nouveau Ministre des Affaires étrangères de la Thaïlande, M. Kasit Piromya a promis la semaine dernière une nouvelle approche dans le conflit qui déchire le sud de la Thaïlande depuis maintenant cinq ans. M. Kasit a déclaré que le gouvernement prévoit de nommer un nouvel organe civil pour gérer la majorité musulmane du sud, ce qui signifie la fin des pleins pouvoir pour les militaires chargée de rétablir l’ordre dans les quatre provinces du sud.
Le rapport Thailand : Torture in the southern counter-insurgency fait état de personnes frappées violemment, brûlées avec des bougies, enterrées jusqu’au cou dans le sol, soumises à des décharges électriques et exposées à de la chaleur et du froid intenses. Des victimes de tortures ont indiqué à Amnesty International que le plus souvent leurs tortionnaires les avaient rouées de coups de poing ou de pied, les avaient piétinées et leur avaient mis un sac en plastique sur la tête jusqu’à la quasi asphyxie. Amnesty International a établi qu’au moins quatre personnes étaient mortes en raison des tortures qu’elles avaient endurées.
« Même si les insurgés du sud de la Thaïlande se rendent coupables de violences, rien ne peut justifier l’utilisation de la torture par les forces de sécurité. La torture est totalement illégale et, comme le montre la situation dans le sud de la Thaïlande, elle a pour effet de se mettre à dos la population »
a déclaré Donna Guest, directrice adjointe du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International.
Les recherches qu’Amnesty International a menées dans les provinces méridionales de Narathiwat, Pattani, Songkla et Yala (peuplées en majorité de muslmans) ont montré que les forces de sécurité thaïlandaises avaient systématiquement recours à la torture et à d’autres formes de peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants pour obtenir des informations ou des aveux – du fait des défaillances du renseignement et de la collecte de preuves – et pour contraindre les personnes entre leurs mains, et leurs proches, à refuser ou à cesser de soutenir les insurgés.