Pour tout ceux qui suivent les activités de l’organisation humanitaire en Thaïlande, le départ de MSF d’ici la fin de l’année n’est pas vraiment une surprise. Annoncée aujourd’hui par une dépêche de l’AFP, la rupture avec les autorités thailandaises est en fait consommée depuis plusieurs mois.

Depuis 1981, date à laquelle MSF a débuté ses activités en Thaïlande dans des camps de réfugiés cambodgiens, MSF n’a cessé d’apporter une aide médicale aux groupes minoritaires ethniques.

En 2001, le pays a présenté un plan de couverture médicale universelle incluant les migrants ayant un permis de travail en Thaïlande, mais ce plan ne couvrait pas les sans-papiers. Ces derniers constituent pourtant plus des trois-quarts de la population immigrée et n’ont donc pas les moyens de se payer leur traitement. MSF a travaillé pour aider ces migrants à se faire soigner, avant de transmettre ses activités aux autorités thaïlandaises.

Des problèmes administratifs

MSF fait état aujourd’hui de problèmes administratifs pour permettre aux immigrés birmans, pour la plupart illégaux, d’accéder aux soins. Mais un problème identique s’était déjà posé pour les réfugiés Hmongs en provenance du Laos.

Traitement de la tuberculose chez les migrants birmans. Reportage photos : Francesca Di Bonito

Les relations entre MSF et le gouvernement thailandais s’étaient déjà passablement dégradées depuis le début de l’évacuation des camps de réfugiés Hmongs au printemps 2008, aux abord de la frontière laotienne. En mai 2009, l’ONG française avait alors officiellement annoncé qu’elle évacuerait le camp de réfugiés dans lequel elle intervenait en aide aux quelque 8 000 réfugiés laotiens Hmongs, depuis juillet 2005 .

MSF avait alors fait état des pressions des autorités thaïlandaises pour empêcher l’organisation de venir en aide aux réfugiés laotiens

Par exemple, les patients doivent subir un contrôle militaire pour accéder à notre dispensaire. Du coup, certains refusent de venir, par peur d’être arrêtés par l’armée.

avait déclaré un responsable de MSF à Thailande-fr.

La multiplication des entraves a empêché MSF de fournir à la population du camp une assistance humanitaire indépendante. Nous avons donc décidé de mettre un terme à nos activités fin mai 2009.

avait ajouté l’organisation dans un communiqué de presse.

Confrontée à cette obstruction croissante aux secours, MSF avait alors décidé de cesser ses activités auprès de Huai Nam Khao. La Thailande avait ensuite conclu un accord avec Laos pour accélérer  le rythme des rapatriements sur le principe du « volontariat », mais l’organisation avait émis des doutes sur le caractère volontaire de ces retours effectués en dehors de tout contrôle des organisations internationales ou humanitaires.