Le commandant en chef de l’armée thaïlandaise, le général Prayut Chan-OCHA a présenté ses excuse en raison du « manque de compréhension et d’égards » qui a conduit à un grand nombre de décès injustifiés dans la répression de Tak Bai et Krue Se en 2004 dans le sud de la Thaïlande.

« J’avoue que je suis bouleversé. Je dois m’excuser au nom de l’armée », a t-il déclaré hier.

L’armée a été accusée d’avoir utilisé une force excessive dans les deux attaques qui se sont déroulées dans le sud de la Thailande à majorité muslmane en 2004.  Le 28 avril 2004, l’armée avait  abattu 32 personnes dans la mosquée Krue Se dans le district de Muang Pattani après son occupation par des militants islamistes présumés.

Le 25 octobre de la même année, 78 personnes avaient été arrêtées alors qu’elles protestaient devant la station de police de Tak Bai dans le district de Narathiwat, et étaient mortes de suffocation pendant leur transport à Pattani.

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"Les incidents se sont produits en partie à cause de négligences de la part des autorités. Je promets de ne pas laisser quelque chose comme ça se reproduire" a déclaré le commandant en chef de l'armée thaïlandaise

Le général Prayut a présenté ses excuses hier dans un discours prononcé devant 600 personnes, y compris des adolescents des provinces à majorité musulmane de Pattani, Yala et Narathiwat.  Ils s’étaient rassemblés au Club de l’armée thaïlandaise à Bangkok hier pour participer à un programme de formation professionnelle, organisé par le Commandement des opérations de sécurité interne (ISOC).

« Les deux incidents n’auraient pas du avoir lieu. Je m’excuse auprès de tous les habitants du Sud, en particulier les proches des défunts, même si à l’époque je n’étais pas encore dans cette position, »

a t-il ajouté

« Les incidents se sont produits en partie à cause de négligences de la part des autorités. Je promets de ne pas laisser quelque chose comme ça se reproduire », at-il dit.

Le gouvernement de Thaksin Shinawatra (2001-2006) avait adopté une politique de fermeté dans le Sud, fermant les yeux sur des violations répétées des droits de l’homme, dont le terrible bilan de Tak Bai, le 25 octobre 2004, où 78 hommes avaient trouvé la mort par suffocation dans des camions de l’armée après avoir été arrêtés dans une manifestation. Les familles des victimes ont été indemnisées depuis, mais à condition de ne pas engager de poursuites contre les responsables militaires de cette tragédie.

Les musulmans de Thaïlande forment une minorité estimée à 2,3 millions de personnes dans un royaume de 65 millions d’habitants. La majorité d’entre eux vivent dans les trois provinces les plus sud du pays qui correspondent à peu près à l’ancien sultanat de Pattani, rattaché au début du siècle dernier à la Thaïlande, alors le Siam, à la suite d’un accord avec les Britanniques. Le Sultanat de Pattani, qui comprenait outre le Pattani actuel, les provinces de Narathiwat et Yala ainsi qu’une partie de la province de Songkia, a été annexé au début du vingtième siècle par le gouvernement royal thaïlandais. Environ 80 % des habitants de la région sont musulmans et malais de souche et parlent le dialecte bahasa.