Les jours du dollar sont-ils compté en Asie ? Il est encore un peu tôt pour enterrer la suprématie du billet vert, mais un nombre croissant de voix insistent aujourd’hui sur la nécessité de diversifier les réserves en devises et les monnaies d’échange du commerce extérieur.

La Thaïlande en fait partie et a récemment mis en place des contrats swaps (échange temporaire de devises) avec la Chine visant à diversifier le risque de change des exportateurs et des importateurs.

Si un tel contrat est utilisé entre les deux pays, la Thaïlande sera en mesure d’utiliser le yuan  ou le baht pour régler certains de ses échanges commerciaux avec la Chine, plutôt que le dollar,réduisant ainsi le risque de change.

L’Argentine, le Brésil, l’Indonésie, le Belarus, la Corée du Sud, la Malaisie et Hong Kong ont déjà signé des accords de swap de devises avec la Chine.

La taille de ces accords, toutefois, reste faible par rapport au volume total des échanges. Ces accords permettent aux exportateurs et aux importateurs de régler leurs transactions commerciales dans leurs monnaies locales au lieu du billet vert.

Le dernier accord d’échange temporaire de devises (swap) a été réalisée avec l’Argentine et pourra atteindre 70 milliards de yuans (7,72 milliards d’euros) sur trois ans…

Au total, ces swaps conclus avec la Corée du Sud, Hong Kong, la Malaisie, le Bélarus, l’Indonésie et l’Argentine, représentent 650 milliards de yuans (71,7 milliards d’euros).

Comme le rappelle M Aglietta économiste au CEPII,

“Le développement du commerce et de l’intégration régionale entre les pays d’Asie les rapprochent de la situation de l’Europe dans les années 1970″.

Elle avait alors crée des mécanismes de change incorporés dans le système monétaire européen pour maintenir les rapports entre ses monnaies.

« On peut penser que les pays d’Asie orientale vont établir des relations de change quoique plus souples que les mécanismes contraignant du SME ».

D’autres accords seraient en discussion notamment celui avec la Thaïlande. Ces accords indiquent que l’influence sur l’économie mondiale de la Chine notamment dans ses aspects financiers sont de plus en plus importants même s’il ne faut pas en exagérer les conséquences.

Ces swaps visent à injecter dans le système financier des yuans, une monnaie dont le taux de change est strictement contrôlé et la convertibilité trop limité pour lui permettre de jouer le rôle de monnaie internationale.

La suprématie du dollar est de plus en plus contestée en Asie

Dans ces conditions on peut penser que le déclin relatif du dollar pourra provenir d’une plus grande utilisation des monnaies asiatiques par le biais d’une accélération des échanges commerciaux et financiers dans le cadre de l’intégration régionale constitué par les pays d’Asie regroupés au sein de l’ASEAN (Association des nations de l’Asie du sud Est).

Une telle évolution ne pourrait que favoriser une place plus importante des devises asiatiques dans le monde, et devrait logiquement profiter au baht thaïlandais, une des monnaies les plus fortes de la région.

Depuis le début de la crise des subprimes, la monnaie thaïlandaise est restée étonnamment stable, évoluant entre 34 et 36 baht pour un dollar.

Depuis dix ans, les gouvernements des pays d’Asie gèrent leurs monnaies de manière à s’assurer des taux de change compétitifs ( plutôt sous évalué, pour suivre l’exemple chinois) et des excédents commerciaux, source de confortables réserves de change.

Mais la crise récente a montré que le modèle de croissance qui repose majoritairement sur les exportations (66% du PIB en Thailande) était aussi très sensible à la conjoncture mondiale, et celle des États-Unis en particulier. D’où la volonté de réorienter l’économie du royaume vers le marché intérieur et des partenaires locaux, comme  l’ASEAN et la Chine.

Aujourd’hui, le dollar n’inspire plus beaucoup confiance avec la montagne de dette accumulées par les États-Unis, et la fragilité de son système bancaire qui est au centre de la crise actuelle.

De ce point de vue la Thaïlande est en bonne position : son exposition au risque des sub primes est quasiment nul, et son taux d’endettement devrait atteindre les 60% du PIB en 2010, une proportion raisonnable par rapport à d’autres pays comme le Royaume Uni, ou les États-Unis où ce taux approche maintenant les 100%.

Les réserves de changes  de la Thaïlande restent élevées, aux alentours de 120 milliards de dollars, ce qui explique en grande partie la solidité du baht.

2 comments
  1. « Depuis le début de la crise des subprimes, la monnaie thaïlandaise est restée étonnamment stable, évoluant entre 34 et 36 baht pour un dollar » Le dollar (US) étant qualifié d’instable, comment le fait d’y être « arrimé » [pas automatiquement] peut-il bien lui conférer la stabilité ?

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