Le parti démocrate pourra t-il être en mesure de constituer un gouvernement disposant d’une majorité suffisante au Parlement en Thaïlande ? Tout semble converger vers cette solution, qui comme disait Winston Churchill a propos de la démocratie est « La pire, à l’exception de toutes les autres ». En théorie le Phua Thai (nouvelle formation politique des partisans de Thaksin, suite a la dissolution du PPP) peut encore prétendre au poste de premier ministre. En pratique le retour d’un proche de Thaksin au pouvoir signifierait une reprise quasi certaine des troubles et des manifestations
C’est donc dans une ambiance très « quatrième république », autrement dit par des négociations de couloir entre partis et différentes factions proches du pouvoir, que pourrait se résoudre, au moins provisoirement, la crise politique thaïlandaise. Le Parti Démocrate, pourrait ainsi fournir une sortie de crise commode pour la Thaïlande, en attendant de nouvelles élections. Mais de quels soutiens dispose réellement le Parti Démocrate ? En dehors des militants de la PAD, qui ont été sans le dire, en quelque sorte son bras armé, le Parti Démocrate manque d’une véritable assise populaire.
En dehors de la région de Bangkok et de certaines provinces du sud, le parti démocrate a perdu avec une remarquable constance toutes les élections générales, quand il n’a pas purement et simplement refusé d’y participer. En Février 2006, Thaksin Shinawatra avait déclaré la dissolution du parlement après un mois de protestations de masse et a appelé à des élections générales en avril. Le Parti démocrate s’était joint aux deux autres principaux partis de l’opposition pour boycotter les élections, affirmant qu’elles ne servaient qu’à détourner l’attention du public de la vente de Shin Corp (l’entreprise de communication de Thaksin, vendue a un fonds singapourien). Ces élections ont été déclarés nulles par la suite par la justice en raisons de fraudes électorales.
Afin de dissiper tout malentendu tenant au libellé du Parti Démocrate, il importe de rappeler sommairement que le Parti démocrate (Phak Prachathipat) est le plus ancien parti politique de Thaïlande dont la ligne est proche d’un centre-droit socialement conservateur, et proche de la monarchie. Bien qu’ opposé par le passé aux différents régimes militaires qui ont gouverné la Thaïlande, le Parti Démocrate s’est abstenu de condamner clairement le coup d’état qui a renversé le gouvernement Thaksin en septembre 2006.
Son arrivée au pouvoir ne serait cependant pas totalement une surprise: le Parti Démocrate a déjà servi de recours temporaire en temps de crise par le passé. Le Parti démocrate sous Chuan Leekpai a conduit des gouvernements de coalition de 1992 à 1995 et de nouveau de 1997 à 2001. Farouche opposant de Thaksin, le Parti Démocrate incarne avec son leader Abhisit Vejjajiva, un retour a la tradition en ce qui concerne la vie politique thaïlandaise, c’est a dire une plus grande place faite aux intrigues de palais.
Thaksin a construit sa popularité au contraire sur une rupture avec ces méthodes avec une forme d’appel direct au peuple qui tendait à court circuiter les intermédiaires habituels du pouvoir. Pendant ses cinq années de pouvoir incontesté (2001 à 2006) Thaksin a introduit un pouvoir qui s’appuie directement sur un parti de masse (l’ex TRT, ressuscité en tant que PPP) ancré sur une solide base populaire. Cette conception ne pouvait que heurter les tenants d’un autre système, où l’armée et les milieux traditionnels proches du palais royal conservent une large influence, en dehors des mécanismes formels du système démocratique.