La Thaïlande a renoncé à un projet d’interdiction de trois pesticides et herbicides à compter du 1er décembre après avoir été soumis aux pressions des agriculteurs, du gouvernement des États-Unis et de lobbyistes au service des entreprises de produits chimiques.

La mise en place de l’interdiction des trois pesticides et herbicides (dont le glyphosate commercialisé sous la marque de Roundup) a pour le moment été repoussée au 1er juin prochain.

D’ici là le glyphosate ne sera pas interdit comme ce qui avait été initialement prévu, mais son utilisation sera seulement restreinte.

Le glyphosate est l’ingrédient actif du Roundup, un désherbant commercialisé par le groupe Monsanto.

Des recherches effectuées en Thaïlande ont révélé que 46% et 55% des fruits et légumes contenaient des niveaux anormalement élevés de pesticides et herbicides.

Un parti du gouvernement de coalition thaïlandais avait pris l’initiative de l’interdiction des trois pesticides en se basant sur les risques engendrés par l’utilisation intensive de ces produits pour la santé.

Un produit cancérigène

En août 2019, un jury californien a condamné Monsanto à verser une indemnité de 289 millions de dollars à Dewayne Johnson, un ancien jardinier d’école, après avoir affirmé que l’herbicide à base de glyphosate de la société, commercialisé sous le nom de Roundup, lui avait donné le cancer.

Pourtant en Thaïlande le gouvernement américain s’est rapidement opposé à une interdiction de ce produit, déclarant qu’une telle interdiction aurait « de graves conséquences » sur les importations thaïlandaises de produits agricoles tels que le soja et le blé, selon une déclaration du sous-secrétaire du ministère de l’Agriculture Ted McKinney.

Le gouvernement thaïlandais aurait également été confronté à un projet de loi d’indemnisation de 20 milliards de bahts visant à éliminer les stocks de produits chimiques existant. Les autorités envisagent donc à présent de lancer une étude de quatre mois sur l’impact de l’interdiction du paraquat et du chlorpyrifos, ainsi que des substituts disponibles.

L’importation et l’utilisation du paraquat a explosé au cours de la dernière décennie car les agriculteurs thaïlandais sont devenus de plus en plus dépendants de cet herbicide relativement bon marché et efficace, mais qui n’est pas sans danger pour la santé.

La quantité de paraquat importée en Thaïlande a atteint un sommet en 2017, avec un peu plus de 44 tonnes, soit près du triple du montant constaté 10 ans auparavant.

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