La Thaïlande est l’unique pays d’Asie du Sud-Est à ne pas avoir été colonisé, ce qui peut expliquer en partie son avancement sur les droits des LGBT dans la région.
Le pays est majoritairement bouddhiste : cette religion ne prévoit pas de règle en ce qui concerne l’homosexualité.
La Thaïlande, paradis des ladyboys et des LGBT ?
Le pays du sourire est mondialement connu pour ses Katoeys (ou Ladyboy), et donne l’image d’une certaine tolérance envers les transsexuels : ces derniers sont présents dans des pubs, possède leur propre concours de Beauté (Miss Tiffany) et ont récemment fait une entrée dans la politique.
Mais dans les faits, les LGBT doivent encore affronter de nombreuses discriminations sur le marché du travail, dans l’éducation, le logement, les assurances et de manière générale dans leur vie quotidienne.
Quatre députées transsexuelles élues au Parlement thaïlandais
Les choses pourraient bien rapidement évoluer : suite aux dernières élections, quatre députés LGBT siègent actuellement au Parlement thaïlandais. Tous les quatre sont membres de Future Forward, un nouveau parti réformateur thaïlandais composé à 5% de LGBT.
Tanwarin Sukkhapisit, élue au parlement, déclare au FCCT le 29 mai dernier :
« Nous ne sommes pas au parlement pour faire de la figuration, comme certains députés hommes on pu le dire. Nous voulons faire de notre mieux pour représenter la voix de la communauté LGBTQI en Thaïlande ».
Tanwarin Sukkhapisit
La priorité de Tanwarin sera de faire des réformes constitutionnelles, notamment en ce qui concerne le mariage. Cependant, changer les lois ne suffira pas, un important travail sur les mentalités doit être réalisé.
« Changer les lois par le haut ne change pas les mœurs. Pour faire évoluer la société, il faut changer à la fois depuis la source (à travers les réseaux sociaux par exemple) et depuis le haut » estime Tanwarin.
Cette dernière explique que si les Thaïlandais semblent ouverts en ce qui concerne les LGBT, en réalité ils ne le sont réellement que quand cela ne les touche pas de près, et être transsexuel ou homosexuel demeure encore tabou dans les familles.
Par ailleurs, beaucoup de Thaïlandais considèrent que les LGBT ont une forme de problème mental. Il n’y a pas d’éducation à ce niveau. Les transsexuels peinent également pour obtenir des traitements médicaux adaptés à leur situation, mais aussi psychologiques. « Aucun professionnel ne comprend réellement ce qu’être trans signifie… avec de la dépression ou d’autres maladies » explique Shane Bahtla, un jeune millenium directeur du programme en dehors de Bangkok.
Tanwarin était auparavant une réalisatrice, et souhaitait faire évoluer les mentalités à travers ses films. Son film « Insect in the backyard » est interdit en Thaïlande, car jugé moralement indécent en raison d’une scène de trois secondes où deux personnages regardent un contenu pornographique transsexuel. Elle a bataillé pendant cinq ans contre cette censure, qui a été maintenue même après la suppression de cette scène. Cet évènement l’a principalement poussé à vouloir se tourner vers la politique, afin de pouvoir agir plus efficacement sur le changement de la société.
Les LGBT ne sont pas reconnus officiellement et doivent faire face à de nombreuses discriminations
L’APTN (Asia Pacific Transgender Network) affirme que selon leurs données il est clair que les personnes transexuelles sont discriminées dans leur recherche d’emploi. Selon une de leurs études, en Thaïlande, 73% des transgenres ne reçoivent pas ou reçoivent une réponse négative à leur CV, contre 66,5% pour les cisgenres. De plus, Shane Bhatla, explique que lors des entretiens professionnels les questions sont plus tournées autour de leur identité sexuelle plutôt que leurs compétences professionnelles.
Si quelques transsexuels thaïlandais parviennent à s’insérer professionnellement, beaucoup se retrouvent contraints de se tourner vers l’industrie du sexe ou de la nuit.
Si ces derniers ne sont pas persécutés, ils ne sont pas non plus encore reconnus officiellement et ne peuvent se procurer de documents officiels, ne peuvent pas se marier ou adopter d’enfants par exemple.
source: conférence de presse au FCCT le 29 mai 2019 “LGBT: are we going forward or backward?