L’incertitude entourant le résultat des élections en Thaïlande risque de retarder la reprise économique et d’handicaper la croissance.
Cinq ans après avoir pris le pouvoir, la junte thaïlandaise cherche à conserver le pouvoir en faisant élire le général Prayut Chan-o-cha au poste de Premier ministre.
Mais le fameux revêtement « téflon » de la Thaïlande montre de sérieux signes d’usure après l’élection du 24 mars.
Une lutte de pouvoir prolongée pourrait saper une économie pourtant raisonnablement bien placée à court terme: les réserves de change de la Thaïlande font l’envie des autres pays émergents, et même de certains pays développés.
Jusqu’à présent la Thaïlande a réussi à surmonter sans grandes difficultés les multiples phases d’instabilité politique que le pays a connu depuis une quinzaine d’années.
De solides réserves de change
Une balance des paiements solide a empêché le baht de plonger avec les autres pays de la région en 2018. Bangkok dispose d’un stock enviable de réserves de change, soit 200 milliards de dollars, équivalant à environ 10 mois d’importations.
Ses plages et sa vie nocturne restent un solide pôle d’attraction touristique et de ressources de devises. Les exportations de la Thaïlande avec ses voisins sont raisonnablement diversifiés, ce qui limite les dommages causés par la guerre commerciale Chine Etats-Unis.
Mais les cinq dernières années de règne de la junte ont placé la stabilité avant les réformes structurelles au détriment de l’éducation, de la formation et des investissements en infrastructures nécessaires pour suivre le rythme des mises à niveau en Indonésie, aux Philippines et au Vietnam.
Cette demi-décennie perdue augmente les chances que le revenu annuel par habitant de la Thaïlande commence à stagner.
Un rythme de croissance insuffisant
Le risque serait moins grave si la croissance du produit intérieur brut était en moyenne de seulement 3,1% depuis 2014. Cela n’est pas assez rapide pour faire passer le pays à un revenu de niveau moyen, avec un revenu par habitant d’environ 10 000 $.
La semaine dernière la Banque de Thaïlande s’est montrée moins optimiste quant aux perspectives de croissance économiques du pays, ramenant ses prévisions de croissance pour 2019 de 4% à 3,8%.
« Le comité a estimé que l’économie se développerait autour de son potentiel, mais à un rythme plus lent que celui estimé précédemment en raison du ralentissement de la demande extérieure », a déclaré la banque centrale.
En décembre, la banque de Thaïlande avait déjà abaissé ses prévisions de croissance économique pour 2019 à 4%, contre 4,2% prévues en septembre.
Un excédent commercial de 4 milliards de dollars en février à continuer à pousser le baht à la hausse. Il a gagné 2% par rapport au dollar cette année. Une monnaie forte peut être un atout, mais pas lorsqu’elle menace la compétitivité des exportations et du tourisme.
La Fédération des industries thaïlandaises (FTI) a exhorté cette semaine les agences gouvernementales à accélérer la création d’un nouveau gouvernement pour dissiper les craintes des investisseurs quant à l’instabilité post-électorale.
Une fore hausse du salaire minimum
Le secteur privé s’inquiète aussi de la perspective d’une forte hausse du salaire minimum, comme promis par divers beaucoup de parties politiques, affirmant que les petites et moyennes entreprises (PME) seront les plus durement touchées.
Les partis ont préconisé un salaire minimum quotidien plus élevé pour attirer les électeurs, les promesses pouvant atteindre 425 bahts par jour (+35% environ) comme celle du parti Palang Pracharat qui soutien la candidature du général Prayut au poste de Premier ministre.
Le salaire minimum journalier actuel comprend sept taux en Thaïlande, applicables selon les régions: 308, 310, 315, 318, 320, 325 et 330 bahts.
Les entrepreneurs s’inquiètent des promesses populistes car elles augmenteraient les coûts d’exploitation dans plusieurs industries alors que la plupart des entreprises paient déjà des salaires quotidiens de plus de 400 bahts.