Pour les économistes l’appréciation continue du baht risque d’handicaper la croissance économique thaïlandaise
Teerana Bhongmakapat, ancien doyen de l’économie à l’université de Chulalongkorn, s’est dit préoccupé par la hausse du baht par rapport au dollar américain et aux monnaies régionales. « La hausse du baht ne correspond pas aux fondamentaux de l’économie et pourrait nuire à la croissance », a-t-il déclaré à The Nation.
Avec un cours proche des 31 bahts pour un dollar américain, les exportateurs thaïlandais craignent que leurs produits ne soient plus concurrentiels sur le marché mondial.
Le taux de change moyen vendredi était de 31,347 Bt par dollar, en légère baisse de 32,351 Bt le 2 janvier, selon la Banque de Thaïlande.
Une croissance tirée par les exportations et le tourisme
Or l’économie de la Thaïlande repose en grande partie sur deux facteurs de croissance très sensibles aux taux de changes : les exportations et le tourisme.
Les récentes données sur la croissance du tourisme en Thaïlande sont la preuve de cet apport estimé entre 15 et 20% du PIB, avec des recettes touristiques dépassant les 2 trillions de bahts pour l’année 2018.
La hausse de 5% du baht par rapport au dollar au cours des six derniers mois est la plus forte du monde, selon les données compilées par Bloomberg.
Les exportations souffrent déjà de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine et ont chuté en décembre pour le deuxième mois consécutif, ont indiqué lundi les chiffres du ministère du Commerce.
M.Teerana a déclaré qu’une hausse des taux directeurs de la banque centrale en décembre, combinée avec le sentiment positif des investisseurs étrangers ont contribué à la hausse de la valeur du baht par rapport au dollar et aux autres devises asiatiques.
Entre temps, les fondamentaux économiques ne suivent pas, a-t-il déclaré, car la croissance économique pourrait être inférieure à 4% cette année, précisément en raison d’un recul des exportations au mois de décembre.
M.Teerana s’est opposé à la récente hausse de taux de la banque centrale, car selon lui l’économie thaïlandaise est toujours dans un «piège de croissance» et l’inflation est assez faible.
Il n’est pas été convaincu par l’argument de la banque centrale selon lequel le taux d’intérêt directeur actuel de 1,75% pouvait encore s’adapter à la croissance économique.
« Regardez les Etats-Unis – la plus grande économie du monde – qui ont connu une croissance élevée et un taux d’ intérêt faible, allant de 2,25 à 2,5% », a déclaré Teerana.
« Le marché s’attendent à ce que la plupart des autres pays réduisent leurs taux dans un délai d’un an, à l’exception de la Thaïlande », a déclaré Kobsidthi Silpachai, responsable de la recherche sur les marchés financiers à Kasikornbank.
La prochaine réunion du comité de politique monétaire de la Banque de Thaïlande sera donc cruciale, a-t-il déclaré.
Si le MPC continue de mettre en avant ses préoccupations concernant la marge de manœuvre politique et la recherche de rendement, il faut s’attendre à ce que le taux d’intérêt thaïlandais soit en hausse, même si les pays voisins sont en train de baisser le leur.
« Cela créera un changement des anticipations de politique monétaire qui se reflétera dans les taux de change », a ajouté Kobsidthai.