Les ennuis de la famille Thaksin ne sont pas terminés: après avoir été condamné à deux ans de prison pour conflit d’intérêts dans le cadre d’une transaction immobilière effectuée par son épouse alors qu’il était au pouvoir, voila que les autorités britanniques annoncent le retrait des visas de l’ancien Premier ministre thaïlandais et de sa femme Pojaman.
Thaksin n’est pas pour autant un SDF, il pourra toujours se consoler en émigrant en République Centrafricaine, au Togo, au Tchad, ou en Bolivie ou encore les Bahamas qui lui ont récemment offert l’asile et des postes de conseiller économique. Thaksin dispose en fait de bien d’autres possibilité (notamment Hong Kong et Singapour, où il réside souvent) mais symboliquement cette annulation est un coup dur car l’ex premier ministre possède à Londres une luxueuse résidence et a aussi investi des sommes importantes dans le club de football anglais de Manchester.
Faisant l’objet de plusieurs autres procédures judiciaires ainsi que d’une procédure d’extradition engagée par Bangkok (dont les chances d’aboutir sont infimes), Thaksin, homme d’affaires millionnaire, a dirigé les affaires thaïlandaises de 2001 à 2006. En exil, poursuivi par la justice de son pays, son parti dissout et ses biens mis sous séquestre : Thaksin continue cependant à faire la une de l’actualité en Thaïlande. De ce point de vue le bilan de ses adversaires est un échec total : non seulement l’ex premier ministre n’a rien perdu se sa popularité auprès de son électorat, mais le PPP (People Power Party) qui se réclame de lui, a remporté haut la main les dernières élections.
Thaksin Shinawatra, qui aura 60 ans cette année au mois de juillet, risque donc de ne pas prendre sa retraite en Thaïlande, ni en Angleterre. La chute est rude pour cet homme d’affaires et homme politique, ancien lieutenant-colonel de police, et est issu d’une famille aisée sino-thaïe de la province de Chiang Mai. En 1987 il crée le « Shinawatra Computer and Communication Group », profitant de l’essor spectaculaire de la téléphonie mobile, des liaisons satellite et du boom boursier, il fait rapidement fortune et devient en quelques, avec sa famille, la première fortune du pays.
Il a été nommé premier ministre de Thaïlande le 9 février 2001 pour cinq ans, après que son parti le TRT (Thai Rak Thai, les Thailandais aiment les Thailandais) a remporté largement les élections au parlement. Il apparait comme relativement jeune, comparé à la classe politique traditionnelle thailandaise, dynamique, et sait séduire la population. Son programme est assez populiste en façade, à la manière de Silvio Berlusconi, mais les milieux d’affaires ne sont pas oubliés. Comme toujours, les problèmes de corruption et de détournement de l’argent public sont d’actualité en Thaïlande, mais Thaksin arrive à se dépêtrer de diverses accusations. Il montre une volonté d’action radicale et même ses adversaires doivent reconnaître ses succès, bien que ceux-ci soient parfois obtenus avec des méthodes pas toujours très claires.
Il s’attaque au problème de la drogue, promettant de le régler en six mois, son action se soldera par plus de deux mille morts dans des opérations de police litigieuses, qui sont aujourd’hui soumises à enquête.