Le dossier de Preah Vihear n’en finit plus d’empoisonner les relations entre la Thailande et le Cambodge, et sème le trouble jusque dans la politique intérieure du Royaume
Réuni cette année au Brésil, le Comité du Patrimoine Mondial a décidé de repousser l’autorisation du projet de réaménagement du temple Preah Vihear à 2011 afin de ne pas envenimer les relations entre la Thaïlande et le Cambodge. C’est la seconde année consécutive que ce projet est retardé, au grand bonheur du Royaume.
Situé à la frontière entre la Thaïlande et le Cambodge, le temple Preah Vihear a toujours été une source de conflit entre les deux pays.
Appartenant officiellement au Cambodge, le lieu vénéré a néanmoins été occupé par les forces thaïlandaise peu de temps après l’indépendance du Cambodge. L’affaire a été ensuite portée devant le tribunal international de La Haye qui a définitivement attribué le temple au peuple Khmer en 1962.
Cependant, la Thaïlande n’abandonne pas le combat et utilise la géographie comme argument en sa faveur. En effet, la frontière entre le Royaume et le Cambodge est déterminée par la ligne de crête des monts Dângrêk, sauf dans le cas du temple Preah Vihear qui représente une enclave.
Le Cambodge a inscrit son temple à l’UNESCO, qui fait maintenant partie du Patrimoine Mondial depuis 2008.
Cependant, le projet de réaménagement du site inclut une portion de terrain de 4,6 km carré qui fait l’objet de discorde entre la Thaïlande et son voisin.
Les relations entre les deux pays se sont beaucoup détériorées à cause des tensions causées par le problème de Preah Vihear. En octobre 2008 et avril 2009, les armées thaïe et cambodgienne ont échangé des coups de feu, endommageant des pierres du temple. L’UNESCO, ne voulant pas que le conflit s’aggrave, a préféré laisser du temps aux deux pays pour se mettre d’accord sur un plan d’aménagement bénéfique à tous.
Le dossier de Preah Vihear sème le trouble jusque dans la politique intérieure du Royaume
Les deux partis majeurs campent sur deux positions bien différentes. Le parti de l’opposition, le Pheu Thay, est pour une politique de réconciliation avec le Cambodge, et l’abandon des plaintes de la Thaïlande, alors que le parti démocrate et le premier ministre Abhisit Vejjajiva tiennent à se battre jusqu’au bout pour faire valoir les droits du Royaume et la sauvegarde du patrimoine.
La question des relations avec le Cambodge reste un sujet sensible en Thaïlande
Le conflit frontalier avec la Cambodge est loin de faire l’unanimité dans le public. Ce d’autant plus qu’elle est apparemment utilisée par le PAD (Chemises Jaunes) pour faire un come back dans la rue et sur la scène politique.
Un soudage effectué récemment montre qu’une bonne partie de l’opinion thaïlandaise se méfie de l’escalade nationaliste et des manifestations contre le Cambodge. Sur 1.059 personnes interrogées dans un sondage Dusit au cours des deux derniers jours, 46,7 % ont déclaré qu’ils n’étaient pas d’accord avec la campagne des nationalistes pour préserver la souveraineté territoriale de la Thaïlande.
41 % des Thaïlandais interrogés ont déclaré qu’ils craignaient que le conflit actuel fasse boule de neige ou dégénère.
Les 46,7 % qui ne sont pas d’accord avec la campagne des protestataires ont déclaré avoir peur que la situation ne divise davantage la Thaïlande, nuise à la réputation du pays, risque de distraire le gouvernement de questions urgentes qui méritent une attention immédiate.
Environ 64 % des répondants ont déclaré que le gouvernement devrait essayer de raisonner les manifestants et demander leur coopération pour mettre aux manifestations. Signe que l’agitation de rue commence a lasser une grande majorité de Thaïlandais, au delà des clivages politiques. D’autres ont une approche plus dure, avec 18,3 % pour demander une application stricte de la loi contre les manifestants pour éviter les doubles standards.
Plusieurs manifestations de nationalistes thaïlandais ont eu lieu dans des régions proches de la frontière entre la Thaïlande et le Cambodge.
Le premier ministre est également intervenu à la télévision dimanche matin pendant trois heures devant cette même foule, afin de réaffirmer sa position et d’assurer que le gouvernement était prêt à faire face à n’importe quelle situation.
Le gouvernement cambodgien a, quant à lui, écrit aux Nations Unies pour dire que son pays était prêt à défendre son territoire. Ce dernier s’est dit offensé par un discours du premier ministre Abhisit Vejjajiva samedi dernier devant des « Chemises Jaunes » où il a affirmé qu’il utiliserait la force armée si nécessaire.
Melaine Brou
3 comments
Le Cambodge et la Thailande sont voisins et culturellement cousins. On a plus a gagner a construire la paix, et le Cambodge est plus preoccupe par sa reconstruction que par la guerre.
il est claire,que le temple PREAH VIHEAR appartient officiellement à la nation cambodgienne,mais la thailande essaye toujours (après 1962) en profitant l’occasion de la fragilité du CAMBODGE après la génocide et la pauvreté après la guerre.
Il est à espérer que la « politique de réconciliation » du gouvernement Thai ne se fasse pas sur le dos du Cambodge. Trouver un bouc emissaire pour détourner l’attention est un grand classique en politique…
Le Cambodge a tout pour assurer ce rôle : Ennemi héréditaire, frontières mal reconnues, sans oublier l’amitié manifestée par le gouvernement Cambodgien pour un certain homme d’affaire en exil.
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