Le Phnom Penh Post, considéré comme le dernier journal indépendant du Cambodge, a été racheté par un homme d’affaires malaisien lié au Premier ministre Hun Sen.
Reporters sans frontières (RSF) dénonce cette ultime attaque contre la liberté de la presse cambodgienne.
Le Phnom Penh Post, journal indépendant anglophone, a été racheté par l’homme d’affaires malaisien Sivakumar Ganapathy. Ce dernier s’avère être le directeur exécutif d’une entreprise de relations publiques, Asia PR, qui compte parmi ses clients le Premier ministre cambodgien Hun Sen.
Dans un communiqué, l’ancien propriétaire du journal, l’Australien Bill Clough, a annoncé que la vente avait été réglée suite à la négociation à l’amiable du litige qui opposait les autorités cambodgiennes et le Phnom Penh Post, soudainement doté d’un arriéré d’impôts à hauteur de 3,9 millions de dollars US.
Cette somme astronomique n’est pas sans rappeler celle réclamée par les autorités à un autre journal indépendant, le Cambodia Daily, contraint de mettre la clé sous la porte en septembre dernier pour un impayé d’impôts et de taxes s’élevant à 6,3 millions de dollars US.
“Ce rachat signe la fin du pluralisme et de la liberté de la presse au Cambodge, estime RSF.
Après la fermeture des médias RFA et Cambodia Daily, le Phnom Penh Post représentait l’une des dernières voix indépendantes du pays. A l’approche des élections générales, le Premier ministre Hun Sen poursuit sa terrible répression contre les médias qui ne s’alignent pas aux directives du gouvernement.”
La vente du Phnom Penh Post a été suivie lundi par le licenciement de son rédacteur en chef, Kay Kimsong, par Sivakumar Ganapathy.
Au moins quatre journalistes, dont Stuart White, Jenni Reid, Brendan O’Byrne et Ananth Baliga, ont donné leur démission, ayant refusé de supprimer un article critique du rachat à la demande de la nouvelle direction. Marcus Holmes, directeur du journal, a également présenté sa démission.
Comme le révélait le rapport “Cambodge: la presse indépendante en ruine”, publié par RSF au début de l’année, la situation de la liberté de la presse est très préoccupante dans le pays, notamment depuis la fermeture l’été dernier d’une trentaine de radios, de Radio Free Asia et du Cambodia Daily.
Plusieurs journalistes, accusés d’espionnage, croupissent en prison sans jugement depuis plusieurs mois, dont le documentariste australien James Ricketson, 69 ans, qui a récemment été transféré à l’hôpital de la prison où il est détenu en raison de la détérioration très inquiétante de son état de santé.
Dans ce contexte, le Cambodge a perdu 10 places dans le classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2018 et se situe désormais à la 142e position sur 180 pays.