Plusieurs associations de défense des droits de l’homme ont déjà dénoncé le problème depuis plusieurs années : la Thaïlande ne parvient toujours pas à lutter efficacement contre l’esclavage sur les bateaux de pêche.

Le gouvernement militaire issu du coup d’Etat du 22 mai 2014 a pourtant affirmé avoir fait de gros progrès dans sa sa lutte contre le trafic d’êtres humains.

Mais cette industrie multimillionnaire est souvent minée par la corruption qui empêche les inspections des navires de pêche de déboucher sur des poursuites.

Le travail forcé et d’autres atteintes aux droits humains sont courants sur les bateaux de pêche thaïlandais, alors que le gouvernement s’était engagé à d’importantes réformes, a déclaré Human Rights Watch dans un rapport publié aujourd’hui.

« Les consommateurs européens, américains et japonais devraient pouvoir être certains que leurs fruits de mer, importés de Thaïlande, ne sont pas produits grâce à la traite des personnes ou au travail forcé », a déclaré Brad Adams, directeur de la division Asie de Human Rights Watch.

« Pourtant, ces problèmes sont endémiques, alors même que des dirigeants de premier plan du gouvernement thaïlandais avaient promis de faire le ménage dans lindustrie de la pêche. »

Travail forcé dans le secteur de la pêche

Le rapport, accompagné d’une vidéo de 15 minutes, a été présenté le 23 janvier lors d’un exposé au Parlement européen. Ce rapport de 134 pages, intitulé « Hidden Chains : Forced Labor and Rights Abuses in Thailand’s Fishing Industry » (« Les chaînes invisibles : Travail forcé et atteintes aux droits humains dans le secteur thaïlandais de la pêche »), décrit comment des pêcheurs émigrés de pays voisins d’Asie du Sud-Est, souvent victimes de la traite, sont exploités pour un travail de pêche, empêchés de changer d’employeur, non payés dans les délais et payés en-deçà du salaire minimum.

Ces travailleurs immigrés ne bénéficient pas des protections du code du travail thaïlandais et n’ont pas le droit de former de syndicat.

Bien que la Thaïlande ait reçu un avertissement de type « carton jaune » lui signifiant qu’elle pourrait être soumise à l’interdiction d’exporter des produits de la mer vers l’Union européenne en raison de ses pratiques de pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN) ; et bien que les États-Unis aient inscrit le pays en « liste de veille, catégorie 2 » dans leur dernier rapport sur la traite des personnes (TIP), Human Rights Watch a constaté des failles généralisées dans la mise en œuvre des nouvelles réglementations du gouvernement et une résistance aux réformes de la part du secteur de la pêche.

La loi thaïlandaise du travail fait qu’il est difficile pour les travailleurs immigrés de faire respecter leurs droits. Non seulement la crainte de représailles et d’abus de la part des capitaines et des propriétaires des navires joue un rôle majeur, mais en plus la Thaïlande restreint le droit des travailleurs immigrés à former des syndicats pour mener des actions collectives. En vertu de la loi sur les relations de travail de 1975, toute personne qui n’a pas la nationalité thaïlandaise a l’interdiction de fonder un syndicat ou d’avoir des responsabilités au sein d’un syndicat.

Les recommandations de Human Rights Watch au gouvernement thaïlandais, à l’Union européenne, aux États-Unis et à d’autres acteurs peuvent être consultées ici.

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