Même si la croissance économique de la Thaïlande a été positive durant les manifestations des « Chemises Rouges » dans le centre de Bangkok grâce aux exportations, l’instabilité politique a semé le doute chez les investisseurs japonais qui craignent pour leur futur dans le Royaume.

Dans une interview donnée au quotidien anglophone The Nation, Munenori Yamada, président du Japan External Trade Organisation (JETRO) de Bangkok affirme que les récents évènements survenus dans la capitale ont eu un impact direct sur les investisseurs japonais. Certains secteurs comme la banque, le tourisme et les industries technologiques ont été particulièrement affectés par la crise politique.

« Les investisseurs dans les secteurs sensibles du commerce, des grands magasins et les petites et moyennes entreprises comme les restaurants qui dépendent des clients au jour le jour, sont en train de revoir leur stratégie afin de savoir si il faut continuer d’investir ou non »

déclare Munenori Yamada. Beaucoup d’entre eux hésitent à investir de l’argent en Thaïlande, jugeant la situation toujours à risques.

Certains secteurs, comme l’industrie de manufacture, peu touchés par la crise vont continuer à s’étendre en Thaïlande, alors que d’autres vont être amenés à se retirer du pays pour une certaine période de temps afin de se remettre sur pieds.

Le JETRO attend du gouvernement thaïlandais un rapide retour à la normale ainsi que des compensations aux entreprises victimes de la crise. Les entreprises japonaises payant des impôts, et la plupart d’entre elles ayant eu d’importantes dépenses sans aucune rentrée d’argent pendant deux mois, il serait normal de recevoir l’aide de la Thaïlande, affirme Yamada.

Il juge aussi que le pays doit revoir sa politique envers les investisseurs étrangers afin de s’assurer de leur confiance. D’après lui, les secteurs des ressources humaines et de la recherche doivent bénéficier de budgets plus importants.

Les investisseurs japonais n'ont pas encore retrouvé pleinement confiance dans la situation en Thaïlande

Le Japon est le plus gros investisseur étranger en Thaïlande avec plus de 1300 entreprises actives dans le pays, en particulier dans le secteur automobile, avec des entreprises comme Mitsubishi Motors ou Isuzu Motors qui y ont installé leurs usines de fabrication.

Cependant, la crise politique de la Thaïlande fait partie d’une succession d’évènements qui n’ont pas été bénéfiques aux investisseurs japonais. L’année dernière, la régularisation de la zone industrielle de Map Ta Phut pour des raisons écologiques avait vu le gel et le retard de plusieurs gros projets d’investissements.

L’intérêt des investisseurs japonais pour le Royaume avait alors été soumis à rude épreuve, et  la Thaïlande risque de voir ses voisins comme le Vietnam ou la Malaisie attirer de plus en plus d’entreprises étrangères.

Une enquête réalisée en 2009 révèle que la Thaïlande est le quatrième pays le plus attractif pour investir auprès des investisseurs japonais, derrière la Chine classée en premier, suivie par l’Inde et le Vietnam.  Selon Susumu Ushida, représentant de la Banque japonaise de coopération internationale (JBIC) à Singapour, l’enquête a été réalisée entre juillet à août l’année dernière parmi les dirigeants de 625 entreprises japonaises.

Melaine Brou