L’édition 2017 du Classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières (RSF) montre une augmentation du nombre de pays où la situation de la liberté de la presse est particulièrement grave.
La carte de la liberté de la presse dans le monde s’obscurcit. L’indice de référence calculé par RSF n’a jamais été aussi élevé, ce qui signifie que la liberté de la presse n’a jamais été aussi menacée.
En 2017, trois nouveaux pays font leur entrée dans les bas-fonds du Classement : le Burundi (160e, -4), l’Egypte (161e, -2) et le Bahreïn (164e, -2). Ils sont désormais 21 pays classés “noirs” c’est-à-dire où la situation de la presse est considérée comme “très grave”.
La Thaïlande fait partie des 51 pays (contre quarante-neuf l’an dernier) qui sont en “rouge” : cela signifie que la situation de la liberté de l’information y est considérée comme “difficile”. Au total, près des deux tiers (62,2%) des pays répertoriés ont enregistré une aggravation de leur situation.
« Paix et Ordre » pour museler les journalistes
Le Conseil national pour la Paix et l’Ordre, dirigé par le Premier ministre et prédateur de la liberté de la presse Prayuth Chan-o-cha, surveille en permanence journalistes et citoyens-journalistes.
Omniprésent et doté des pleins pouvoirs, cet organisme multiplie les convocations abusives et les détentions.
Le gouvernement s’attaque régulièrement aux journalistes indépendants. Toute critique du pouvoir et de la junte est susceptible de déclencher une violente répression, rendue possible par un cadre législatif liberticide et une justice aux ordres.
En 2016, le renforcement de la loi – déjà redoutée – relatives aux crimes informatiques élargit les pouvoirs des autorités en matière de surveillance et de censure.
Classement 2017 de la liberté de la presse : une carte du monde de plus en plus sombre
Sur le continent asiatique, la Chine (176e), le Vietnam (175e) et le Laos (170e), outre le fait d’avoir toujours stagné avec la Corée du Nord (180e, -1) dans le bas du Classement RSF, ont en commun d’être des régimes communistes totalitaires, d’avoir une presse aux ordres du parti et de poursuivre et d’emprisonner, comme le fait la Chine, blogueurs et journalistes-citoyens qui auraient l’outrecuidance de critiquer de près ou de loin l’Etat-parti.
Plus récemment, la Thaïlande a interdit sous peine de poursuites pénales, la consultation de plusieurs comptes Facebook liés à des opposants en exil.
La guerre et les crises, les autres ennemis des journalistes
Si les dictatures et autres régimes totalitaires asphyxient le pluralisme des médias et la presse libre, les guerres et les conflits larvés portent aussi souvent un coup brutal à la liberté d’informer et peuvent faire chuter en peu de temps les pays vers le bas du Classement ou les y maintenir pendant de longues années.
Six ans après le début d’une guerre sanglante, la Syrie est devenue le pays le plus meurtrier au monde pour les journalistes et reste bloquée à la 177e place.
Rien n’a été mis en place pour protéger les journalistes de la folie barbare de son dictateur ni de celle de groupes armés djihadistes fanatisés, prêts à tous les excès, même les plus impensables. Au Yémen également (166e), les journalistes se retrouvent pris entre deux feux.
Même si il y a eu moins de journalistes tués en 2016, ce qui explique la remontée de quatre places du pays dans le Classement, les journalistes risquent autant d’être enlevés par les rebelles houthis ou Al-Qaida qui les gardent en otage que d’être victimes des bombardements de la coalition arabe.