Le Premier ministre et ministre de la Défense Somchai Wongsawat devrait avoir une audience avec Sa Majesté le Roi Bhumibol Adulyadej au palais royal de Klai Kangwon à Hua Hin ce lundi, selon un représentant du People Power Party (PPP), le parti actuellement au pouvoir, et qui a remporté les élections générales en décembre dernier. Depuis le début de la crise qui secoue la Thaïlande, le roi a gardé le silence et a refusé de prendre position dans la bataille qui oppose les partisans de l’Alliance du peuple pour la Démocratie (PAD) et le PPP (alliés de l’ex premier ministre M.Thaksin).
Situation paradoxale puisque les deux camps en présence n’hésitent pas a se réclamer du roi pour asseoir leurs revendications, et a proclamer leur soutien a la monarchie, même si un des leader du PAD, Mr Jakaprob avait été obligé de démissionner du gouvernement suite a une accusation de lèse majesté. Une indication est cependant possible sur l’opinion de la famille royale, par l’intermédiaire de la Reine qui a exprimé sa préoccupation devant les violences de la semaine dernière, et apporté son soutien aux blessés.
Sa Majesté la Reine Sirikit et de Son Altesse Royale la Princesse Chulabhorn a annoncé qu’elle assisterait, à la crémation de Mme Angkana Radubpanyawut, au Sri Pratwat Temple de la province de Nonthaburi. Mme Angkana, âgée de 28 ans, a été tuée par l’impact de l’explosion d’une grenade de gaz lacrymogènes au cours des affrontements entre la police et l’Alliance populaire pour la démocratie, le 7 octobre dernier.
Le roi de Thaïlande Bhumibol Adulyadej, 80 ans, est immensément révéré par ses sujets qui se tournent souvent vers lui en temps de crise. Connu aussi sous le nom de Rama IX, il a eu le règne le plus long de l’histoire de son pays. Il a vu défiler 21 Premiers ministres et 17 Constitutions, se produire 18 coups d’État et son royaume de 65 millions de sujets se transformer d’un État agraire semi-féodal en un «tigre» économique de l’Asie.
On lui a prêté des relations parfois difficiles avec l’ex premier ministre renversé par le coup d’etat de 2006 Thaksin Shinawatra, homme d’affaires de 59 ans arrivé au pouvoir en 2001, et dont les partisans sont actuellement au pouvoir (le Premier ministre Somchai Wongsawat, est le beau frère de Thaksin).
En avril 2006, le roi était sorti de sa réserve pour qualifier de «non démocratiques» des élections législatives anticipées, convoquées à la hâte par un Thaksin en difficulté. Le scrutin, boycotté par l’opposition, avait été finalement annulé. Le roi a toujours cherché à se tenir au-dessus de la vie politique -souvent agitée- de son pays, mais son intervention a permis a plusieurs reprises de sortir de crises nationales.
Lors d’un soulèvement populaire en mai 1992, il avait arbitré de manière spectaculaire en adjurant militaires et manifestants de mettre fin aux violences. Lors d’une allocution télévisée dont les images avaient fait le tour du monde, le roi avait exhorté les chefs des deux camps, accroupis à ses pieds en signe d’allégeance, à faire la paix. Le premier ministre de l’époque, issu d’un coup d’État militaire, avait démissionné et les troubles avaient cessé.