Si vous faites partie des expatriés qui vivent en Thaïlande, vous êtes sans doute habitué à diviser automatiquement les prix en baht par 50 pour obtenir leur équivalent en euro. Pratique, la division par cinquante (un repas à 100 baht = 2 euros) était encore assez proche de la réalité il y a quelques mois avec un euros entre 47 et 48 baht, mais maintenant il va falloir s’habituer à diviser par 40, et peut être moins….
Pas pratique, et surtout mois avantageux si vos revenus sont intégralement en euros, et vos dépenses en baht. Du coup votre repas à 100 baht est passé en quelques mois à 2,5 euros (ça reste le prix d’un café en terrasse à Paris, ce qui permet de relativiser un peu les pertes), c’est-à-dire que votre pouvoir d’achat en Thaïlande (en fait celui de l’euro pour être précis) a diminué de plus de 20% en six mois. Comme si une inflation à la brésilienne avait soudain envahi le pays du sourire. Beaucoup d’entre vous surveillent donc sûrement de près la dégringolade de l’euro en se posant la même question : jusqu’où, et jusqu’à quand ?
Malheureusement, il n’y pas beaucoup de bonnes nouvelles à l’horizon pour essayer de se rassurer. La première constatation que l’on peut faire, c’est d’abord que l’euro n’a pas tant baissé que ça : il est encore très loin de ses plus bas historiques par rapport au dollar (proche de 0,8 en 2001), et il ne faut pas oublier qu’à l’époque de son lancement une parité euro/dollar était considéré comme un objectif assez réaliste, ce qui signifierait, un euro à …. 32 baht. Aïe !
Il existe plusieurs méthodes pour se faire une idée de la valeur comparée d’une monnaie par rapport à une autre. La vérité c’est que les monnaies asiatiques, dont fait partie le baht thaïlandais, apparaissent presque toujours sous évaluées par rapport au dollar et à l’euro. Cette sous évaluation est le résultat d’une politique de croissance délibérément orientée vers les exportations. Plus une monnaie est faible, plus les exportations de son pays sont compétitives, car elles apparaissent comparativement moins chères dans la monnaie du pays importateur.
Des monnaies sous évaluées pour exporter plus facilement
Le pays qui a le mieux réussi dans cette voie c’est la Chine, qui a aujourd’hui engrangé des réserves de changes assez confortables : 1,3 trillion de dollars environ, qui sont d’ailleurs souvent investis en emprunts d’État (surtout bons du Trésor américains). De quoi financer pas mal de déficit de la sécu… Pour rester compétitifs vis à vis de la Chine, la plupart des pays asiatiques ont donc accepté une certaine sous évaluation de leur monnaie pour rester en ligne avec celle du Yuan chinois.
L’euro est encore très loin de son plus bas historique par rapport au dollar, proche de 0,8 en 2001…
Les marchés ont aussi leur propre vision des choses, et en ce qui concerne la zone euro, on peut difficilement faire pire : endettement au delà du raisonnable, perspective de croissance anémique, déficits budgétaires sans fond, régime sociaux et de retraites proche de la banqueroute, et (ça c’est une nouveauté, contrairement aux autres mauvaises nouvelles) cerise sur le gâteau : un, ou plusieurs, États proches du défaut de paiement.
Ceux qui se tournent vers la Grèce pour chercher un responsable à leur problèmes de trésorerie n’ont pas entièrement raison : il n’y a qu’une différence de niveau entre la situation de la Grèce et celle de la France en ce moment, pas de nature.
La France, État providence : un décor de pacotille qui repose sur une montagne de dettes
De fait le contrat social sur lequel repose la France est financièrement caduque. En gros, il impose l’engagement suivant : donnez nous la moitié de votre salaire en cotisations sociales, 15 à 20 % de tout ce que vous consommez (TVA) et une fraction variable (de 10 à 40%) de ce qui reste de revenu en impôts; et en échange vous aurez des soins gratuits toute votre vie, et une retraite convenable.
Le problème c’est que cette promesse dorée est financée depuis 1973 (date du dernier excédent budgétaire de la France) à crédit… D’abord en empruntant aux Français avec des emprunts d’État, puis sur les marchés financiers mondiaux. Si la France était une entreprise, ou un fonds commun de placement, elle qualifierait sans problème pour le Guiness Book of Record du « Ponzi scheme » le plus long de l’histoire.
A vrai dire si Bernard Madoff n’était pas déjà occupé pour les 150 prochaines années, il ferait un excellent Premier ministre à la place de Fillon (le seul qui a eu d’ailleurs le courage de dire qu’il dirigeait un État en faillite…). Avec les frères Lehman au budget et à la sécu : ils trouveraient bien le moyen de « titriser' » le déficit le branche maladie, ou celui des retraites sous forme de CDO (Collateralized debt obligations) et de les revendre à des gogos en mal de rendements élevés.
Votre retraite ? Allez faire la manche à Pekin.
Dommage pour tout ceux qui ont fait confiance aux apprentis Madoff qui ont gouverné la France depuis 35 ans : ils ont aujourd’hui autant de chances de récupérer leur mise qu’en allant jouer au bonneteau sur des caisses en carton boulevard de la Chapelle.
En effet on peut toujours trouver de bons prétextes (les zakisocios, faire payer les riches, le bouclier fiscal, les 35 heures payées 39, les méchants capitalistes qui ont 80% de leurs sièges sociaux aux Pays-Bas et au Luxembourg etc…) pour ne pas rembourser les emprunts contractés auprès des Français. Il suffit tout simplement, d’émettre d’autres emprunts, ou d’augmenter les impôts pour rembourser les Français avec leur propre argent…. Facile. Mais raconter n’importe quoi aux fonds souverains qui investissent dans la dette française, ça passe moins facilement (1).
Et justement, nos créanciers commencent a se poser quelques questions sur notre capacité, non pas de rembourser notre dette comme l’on fait la Suède ou le Canada (personne n’y songe sérieusement), mais simplement a honorer nos échéances. C’est ce qu’on appelle pudiquement le « risque souverain » pour un pays, et la banqueroute pour le reste.
Surtout que depuis 30 ans, les Français ont fait la preuve qu’ils savent se mobiliser et retrousser leurs manches pour affronter la crise et leur avenir : une bonne grosse grève de fonctionnaires (ça on sait faire, mais c’est un produit qui s’exporte moyennement bien), et on augmente la TVA, la CSG, les impôts etc… en attendant les prochaines élections. Depuis le temps, nous on a l’habitude de foncer dans le mur joyeusement, mais allez faire comprendre ça aux Chinois qui ont placé leurs euros en bons du Trésor….
Olivier Languepin
(1). Environ 60% de la dette publique de la France est détenue par des non-résidents.
13 comments
C’est 105 baht pour un cafe au MC Donald a koh samui… la france est battue.
bonjour
l’Europe c’est le titanic qui viens de se taper l’iceberg
les plans de relance à la con ne font que repousser l’échéance pour certains, et la précipiter pour d’autre
les places en chaloupes sont comptées, autant anticipé
et sortir de suite ce cette unions grotesque !
La fin du monde peut être pas, mais le prochain bailout risque de faire assez mal….
Jusqu’à présent, l’Europe a été frappé principalement à sa périphérie. L’installation d’un fonds de secours de 750 milliards d’euros mis en place au printemps dernier a été plus que suffisant pour renflouer la Grèce et l’Irlande à hauteur de € 177 milliards. Mais c’est 23% d’un fonds pour les deux pays dont les PIB combinés représentent à peine 3,4% de l’économie l’UE. Ensuite, il y a le Portugal, l’Espagne et l’Italie pas loin derrière. Collectivement, ils représentent 22% du PIB de l’UE….
Bravo. Ce qui devait arriver arriva. La crise de la dette, des états souverains. Bientôt Italie Portugal Espagne Chypre..
Par contre je me demande bien ce qu il sera du change eurthb dans 6 mois, 1 an, 2 ans (habitant en Thailande et ayant des revenus en €)
Bon article merci pour tout a l autrur
Merci olivier pour cet excellent article
Il est évident que la faillite des états européens sera peut etre la fin du monde occidental que certains attendent en décembre 2012
Pour répondre a michel lilianne, par rapport au franc suisse, et a cet excellent article cité en référence, il est évident que la prochaine chute libre sans parachute de l’euro va forcément entrainer un peu notre monaie suisse…
Pourtant la suisse héberge 40 et plus pour cent des liquidites mondiales, mais par contre notre économie dépend aussi de nos exportations… Et avec un euro a moins du dollar comment faire ???
Mais la thailande n’est pas à l’abri d’une nouvelle crise…
J’ai donc opté sur 50% investi en immobilier en thailande
Et 50% investi en immobilier commercial alimentaire en suisse.
et Vive la vie, pourvu que ca bouge !!!
bernard
Pour ma part, je ne lis qu’un verbiage vaguement libéral et surtout terriblement démagogique… Mais les français de Thailande appartiennent sans doute à la catégorie des gens qui apprécie ces diatribes poujadistes ? Prendre position sur le plan politique ne peut se résumer au discours convenu du « tous pourris ». Quant à l’Euro, ma brave dame… mais pourquoi cette question ? Aprés tout je gagne ma vie en thailande et paie mon loyer et ma voiture en Thailande, pas vous ?…
je découvre, très bonne analyse et très bon article.
Oui mais l’Euro ayant perdu 20% par rapport au Dollar, perdre 20% de change par rapport au Bath est logique, je ne pense pas qu’il s’agisse d’un phenomene specifiquement Thai…
Tres bon article.
La dégringolade du change de l Euro en Bath + l inflation dans le pays du sourire va freiner les exportations et obliger les acheteurs a acheter dans d autres pays. Les résidants étrangers et retraités auront surement envi de déménager en Malaisie, Philippines ou Indonésie. Idem pour le tourisme.
En 2005, un touriste a dépensé, en moyenne, 81,8 € par jour.
Pour exemple de 15 j: 81,8 € X 15 : 1227 €
Avec un taux de change a 1€ / 50 bath =61350 bath, Et 1€ / 38.5bath =47239,5 bath,
Différence= 61350 bath – 47239,5 bath = 14110,5 bath. Ca motive pas trop de venir en Thailande.
C’est la première fois que je vous lis avec cette sensation d’appartenir à cette catégorie de personne qui ne peut plus supporter le système Français.
L’article est excellent comme d’habitude, je passe tous les jours sur le site pour lire les nouvelles de la Thaïlande et je vous remercie pour votre travail.
Très bon article
Les analystes estiment que la Banque nationale suisse (BNS) sera obligée de laisser filer l’euro à la baisse pour éviter, à terme, une reprise de l’inflation. Un sondage effectué par l’agence Reuters auprès de cinquante d’entre eux révèle une prévision moyenne de cours à 1,39 franc pour un euro dans les six prochains mois. Lundi matin, la devise européenne atteignait un niveau historiquement bas face au franc suisse, à 1,3852. En fin de journée, il clôturait, en baisse de 0,35%, à 1,3875. La chute est de 6,5% depuis le début de l’année.
Manifestement, la BNS n’est plus préoccupée par le maintien à tout prix du seuil à 1,40. Faut-il soutenir l’industrie d’exportation ou éviter l’inflation en sachant que les deux objectifs seront bientôt inconciliables? La BNS est en proie à ce cruel dilemme ces jours.
http://www.letemps.ch/Page/Uuid/7a8eb3ee-7274-11df-bad2-53ac59ab2037/La_faiblesse_de_leuro_fragilise_l%C3%A9conomie_suisse
Excellent mais pas très encourageant pour la retraite ici….Avez-vous également une petite analyse en ce qui concerne le Franc Suisse par rapport au bath ainsi qu’a sa possible future évolution ?
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