Le Premier ministre Abhisit Vejjajiva et chef de l’armée, le général Anupong Paojinda sont apparus ensemble dimanche sur une émission de la télévision nationale thaïlandaise,exposant ensemble leurs points de vue pour régler les problèmes posés par le Front uni pour la démocratie contre la dictature. Extrait de l’émission:
Comment évaluez-vous la situation?
M. Abhisit: Après plus de 40 jours, les pièces du puzzle se mettent en place. Au début, les connexions entre les différentes factions et celles du Parlement n’étaient pas claires. Maintenant, les choses sont de plus en plus claire. Le parti d’opposition (NDLR : le parti pro Thaksin Phuea Thai) a été sur la scène [de l’UDD]. Cela montre qu’ils combattent ensemble. Dans le même temps, il ya eu deux incidents, le 10 avril et il ya trois jours [jeudi] à Silom, qui ont montré que des hommes armés avec des armes de guerre ont été présents dans les manifestations et ont cherché la violence.
Donc, vous faites le lien entre les actions des manifestants et celles des terroristes?
M. Abhisit: Je peux dire que ce n’est pas par hasard que certains noms ont été mentionnés et je ne peux pas dire qu’ils travaillent séparément. Des noms comme Seh Daeng [Maj Gen Khattiya] Sawasdipol, Gen Chavalit [Yongchaiyudh] et les principaux dirigeants de la manifestation sont reliés à des incidents clés.
En rétrospective, le gouvernement a t-il pris des décisions qui ont nui à la situation?
M. Abhisit: Je dois avouer que nous avons sous-estimé le mouvement de protestation et certains incidents, comme ce qui s’est passé le 10 avril. Je ne m’attendais pasà la perte de vies humaines des forces de sécurité et des civils.
Puis est arrivé ce qui s’est passé à Silom. Nous étions inquiets lorsque les deux groupes [les chemises rouges et le groupe anti-UDD] se sont retrouvés si proches. Mais je ne m’attendais pas à ce qu’il y ait un groupe de personnes capables de tirer sur des gens innocents rassemblés sur place. Le gouvernement a été critiqué et des gens ont demandé combien de personnes innocentes allaient mourir. Je dois dire que personne ne veut voir cela se produire.
Permettez-moi de souligner que le problème n’est pas seulement à Ratchaprasong. Le but ultime est de rétablir la paix dans notre société. Tenter de récupérer cet espace pour le public est l’un de nos objectifs. Mais je ne peux pas dire quand nous le ferons.
Les manifestations sont en cours depuis un certain temps. Connaissez-vous ceux qui ont utilisé des armes de guerre? Les gens se sentent menacés et en insécurité en Thailande.
M. Abhisit: Quelqu’un s’est déjà fait clairement connaitre. Il a annoncé depuis la fin de l’année dernière qu’il effectuait la formation des personnes en relation avec le rassemblement politique. Un autre groupe a été arrêté en relation avec les incidents du 10 avril, et qui possédait des armes. L’enquête est en cours pour trouver plus de personnes.
Que fera l’armée si ces hommes sont liés à l’armée?
Gen Anupong: Je dois répondre à deux questions: les armes et les munitions, et le personnel. Nous avons vérifié les armes dans l’ensemble de nos unités et elles sont encore à leurs places. Les armes de guerre ne viennent pas de nous.
Sur la question du personnel, nous savons qu’il existe un groupe d’hommes armés, dont certains sont dans l’armée, mais ils ne détiennent pas tous de postes officiels. Le reste pourrait être d’anciens soldats et des fonctionnaires qui ont été formés à l’utilisation des armes.
L’armée a été critiquée pour son manque d’unité et certains disent qu’il y a des conflits entre les unités. Est-ce que c’est vrai?
Gen Anupong: Je peux vous assurer que l’armée est l’armée de la nation. C’est l’armée de Sa Majesté le Roi et c’est l’armée pour le peuple. Nous sommes unis dans nos opérations et feront tout pour servir la politique du gouvernement. S’il ya des désaccords, ils sont au niveau individuel. Je pense que c’est impossible d’éviter cela compte tenu de la taille de l’organisation.
M. Abhisit: Permettez-moi de vous expliquer une chose. Moi même et les gens qui travaillent ici au 11e régiment d’infanterie, avons des entretiens pour évaluer la situation au moins deux fois par jour. Au moins une réunion implique tous les commandants des forces armées en tant que membres du Centre pour la résolution des situations d’urgence.
Tous les officiers connaissent leur mission, qui consiste à protéger l’intérêt national et les institutions clés dans des situations d’urgence graves. En ce qui concerne les questions politiques, elles seront résolus par des moyens politiques.
Il semble que vous ne voulez pas démissionner ou dissoudre le Parlement dans les circonstances actuelles.
J’ai dit que le pays doit revenir à la normale pour tenir de nouvelles élections. Nous devons examiner tous les problèmes, y compris la création d’un climat propice à des élections équitables. La prochaine élection ne doit pas être sanglante. Tous les candidats doivent être en mesure de faire campagne librement de même que la façon dans une société démocratique.
Dans le même temps, le pays a des problèmes au-delà de la politique. Il ya un problème avec le budget, et c’est un grave problème si le processus budgétaire ne peut pas aller de l’avant comme prévu. Ce n’est qu’un exemple.
Le débat sur la dissolution de la Chambre dans les 15 jours, 30 jours, trois mois, six mois, peu importe. Ce n’est pas le point essentiel. L’essentiel, c’est que nous avons besoin de réconciliation et d’un retour à la normale dans le pays. Nous devons utiliser ceci comme base de discussion pour trouver des solutions.
Que pensez-vous de la proposition de l’UDD de dissoudre le Parlement dans les 30 jours?
M. Abhisit: La dissolution de la Chambre dans les 30 jours pourrait-elle vraiment résoudre le problème? Je doute fort que ce soit le cas.C’est impossible. La dissolution dans 30 jours n’est pas la réponse.
Souhaitez-vous envisager un autre cycle de négociations avec l’UDD s’ils le propose ?
M. Abhisit: Le gouvernement et les manifestants ne sont pas les seuls qui peuvent tenter de trouver une solution politique. D’autres groupes ont commencé leurs rassemblements. Ils ont les mêmes droits que ceux de l’ UDD. Je dois écouter toutes les parties et pas seulement laisser les choses se régler entre le gouvernement et l’UDD.
Extrait d’une interview effectuée par la Télévision thailandaise, d’après une transcription en anglais publiée par le Bangkok Post