Les manifestations prolongées du Front uni de la démocratie contre la dictature (UDD) ont déjà sans doute causé un préjudice important à  l’économie thaïlandaise. Mais le pire pourrait encore être à venir, selon la durée de la crise politique et le caractère violent ou non de son dénouement.

Lorsque les manifestants UDD ont quitté leur ancien site de rassemblement de Phan Fa pour passer à l’intersection de Ratchaprasong, un quartier d’affaires de Bangkok, avec de nombreux centres commerciaux de luxe, ils ont accru de manière très significative les pertes financières pour les entreprises thaïlandaises. Dans de telles circonstances, de nombreux exploitants ont préféré fermer leurs magasins, plutôt que de prendre le risque de rester ouvert, et de subir des dégâts plus importants.

A l’intersection Ratchaprasong, on peut estimer à 2.000 professionnels les opérateurs présents autour du site y compris les centres commerciaux de luxe majeurs tels que Central World, Siam Paragon, Platinum, Siam Discovery, ainsi que 1.000 chefs d’entreprise de vente au détail, confrontés à d’importantes pertes financières . Les ambassades de plus de 40 pays étrangers ont déjà émis des avertissements pour dire à leurs citoyens d’éviter de voyager en Thaïlande en raison de l’incertitude et des bouleversements en cours.

Outre les dommages économiques pour le secteur des entreprises, la crise politique en cours pèse lourdement sur le secteur du tourisme. La Chinese Tourism Association de Thaïlande a indiqué que les touristes chinois ont exprimé beaucoup d’inquiétude sur la situation actuelle en Thaïlande. Beaucoup d’entre eux ont décidé de reporter leurs voyages vers la Thaïlande. En Mars 2010, seuls 80.000 touristes chinois ont visité la Thaïlande (contre 100.000 en temps normal). On s’attend à une baisse d’environ 40,000-50,000 touristes chinois en avril-mai.

Selon une prévision du Dr Ekniti Nitithanprapas, directeur de la politique macro-économique du Bureau de la politique fiscale (FPO), si les manifestations se prolongent au deuxième trimestre de cette année, le produit intérieur brut (PIB) pourrait augmenter que de 4,3% cette année, une baisse de 0,2% par rapport à l’estimation de 4,5% ou une perte d’environ 30 milliards THB.

Si les protestations de masse durent jusqu’au  troisième trimestre, la croissance du PIB pourrait être réduite de 0,5% pour finir à 4% par an. En outre, si la crise politique à Bangkok s’ intensifie, il existe trois facteurs négatifs seront pris en compte pour l’économie de la Thaïlande. Tout d’abord, les investisseurs étrangers pourraient ralentir leur investissement, et de ceux qui ont déjà des bases de production en Thaïlande pourraient décider de fuir les risques politiques et déménager leurs bases dans d’autres pays.

Deuxièmement, la consommation publique et le taux de dépenses sont susceptibles d’être diminué, ce qui apporterait des effets négatifs pour les entreprises commerciales de Bangkok et des environs.

Enfin, le tourisme en Thaïlande devra faire face à une situation difficile, le temps de regagner la confiance des touristes étrangers.

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