La Thaïlande, malgré les promesses faites depuis le changement de régime du 22 mai 2014, peine à remonter la pente économique.

Près de deux ans après le coup d’Etat, la croissance n’est toujours pas au rendez vous et le royaume flirte toujours avec la déflation.

Les familles thaïlandaises sont souvent obligées d’avoir recours à des préteurs douteux, ou « Loan Sharks » qui les appauvrissent un peu plus chaque jour.

La Thaïlande est aujourd’hui face à son plus haut taux d’endettement des ménages en 8 ans. Entre 2009 et 2014, le ratio entre la dette des foyers et le PIB est ainsi passé de 60% à 85%.

L’endettement des ménages a triplé depuis 2005

En 2005, la dette des ménages s’élevait à 3,4 milliards de baht. Aujourd’hui, ce montant a plus que triplé. Les ménages thaïlandais doivent maintenant 10,8 milliards de baht à des institutions financières.

De 2005 à 2014, la dette des ménages a augmenté de 13,4% par an, soit presque le double du taux de croissance du PIB nominal.

Ce niveau record est l’un des points noirs d’une économie en difficulté, et qui montre peu de signes d’amélioration malgré les promesses de la junte.

Des taux de 1000% par an !

Endettés auprès des banques mais surtout par le biais de préteurs peu scrupuleux opérant dans le secteur informel, la population emprunte en dehors du circuit bancaire à des taux exorbitants.

householddebt
La dette des ménages thaïlandais est essentiellement composée de prêts à la consommation (surtout automobile), alors que dans les autres pays c’est l’immobilier qui domine.

Certains n’hésitent pas à réclamer aux emprunteurs un taux de 10 % par mois, et selon le secrétaire permanent du ministère de la Justice, cité par le Bangkok Post, certains usuriers peuvent facturer jusqu’à 3 % d’intérêt par jour, l’équivalent de 1095 % par an !

Face à cette augmentation du marché noir du crédit, le général Prayut Chan-O-Cha, chef de la junte au pouvoir a demandé à ses concitoyens de prendre la mesure des conséquences désastreuses de ces actes.

« S’il vous plaît, abstenez-vous de contracter des dettes. La hausse de la dette des ménages est dangereuse et risque de ralentir les progrès du pays ».

On appelle les « travailleurs à zéro bahts » cette partie de la population dont le salaire est entièrement dédié au remboursement de leur dette.

119.000 bahts par ménage

Prendre un crédit pour en rembourser un autre, un cercle vicieux qui appauvrit de plus en plus de ménages.

Des dettes d’environ 119.000 bahts par famille (soit environ 3000 euros) dont plus de 60% sont contractées auprès d’usuriers. Ce montant représente environ quatre mois de revenus pour un ménage moyen thaïlandais (voir « Combien gagne la classe moyenne en Thaïlande« ).

Cette situation est courante en Asie du Sud-Est qui se retrouve également confrontée à d’énormes problèmes d’endettements dues aux micro-crédits.

loan sharks usuriers
En dépit de plusieurs campagnes successives d’aide aux personnes endettées, la Thaïlande n’arrive pas à se débarrasser des « loan sharks »

Ceux ci permettent d’emprunter de petites sommes d’argents de maximum 6 000 euros à des taux proches de 10%.

Le microcrédit a été instauré dans le but d’aider de petites entreprises ou des artisans dans les pays en développement.

Mais cette aide est à double tranchant puisque beaucoup ne peuvent assumer les taux de remboursement et doivent donc ré-emprunter pour pouvoir rembourser leurs autres crédits.

Le fléau de l’endettement des ménages freine très nettement le développement et la croissance de ces pays et montre que la Thaïlande n’est pas sortie de ses problèmes économiques.

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