Depuis le début de l’année les relations entre le royaume et la Chine sont au beau fixe.

Ce partenariat, qui puise ses racines dans l’histoire, a franchi cette année une étape supplémentaire avec un début intégration du yuan dans les banques thaïlandaise, et l’implantation de la banque chinoise ICBC en Thaïlande.

La Chine fait naturellement partie de l’horizon thaïlandais pour des raison géographiques bien sûr, mais surtout historiques, puisqu’on a coutume de dire que les sino-thaïs dominent le milieu des affaires dans le royaume.

Selon certaines estimations près de 80% des capitaux sur le marché thaïlandais appartiendraient à des nationaux d’origine chinoise, les fameux sino-thaïs alors qu’ils ne représentent que 10% de la population [1].

L’ethnologue Bernard Formoso mentionne trois  facteurs qui ont contribué à l’essor de la communauté chinoise en Thaïlande :

« Une stabilité politique et une croissance économique durables qui ont limité les poussées xénophobes à de courtes périodes historiques, l’esprit de tolérance que prêche le bouddhisme et  enfin, l’intérêt très mesuré des Thaïs pour les activités capitalistes, qui, là encore, renvoie à l’emprise du bouddhisme sur les mentalités [2] ».

Ce n’est pas un hasard : le Board of Investment (BOI) a ouvert cette année un troisième bureau en Chine à Guangzhou.

Le Board of Investment est le principal organisme du gouvernement thaïlandais, sous l’égide du Ministère de l’Industrie, pour encourager l’investissement direct étranger en Thaïlande.

Depuis le début de la crise politique en Thaïlande, le Japon principal investisseur étranger, a diminué ses engagements de 60%. Le principal partenaire commercial de la Thaïlande, les Etats Unis, tarde à sortir d’une crise mondiale qu’il a lui même déclenché.

Sa monnaie, le dollar, inspire une défiance croissante sur les marchés, où elle subit une concurrence croissante de l’Euro et du Yen.

La Thaïlande mesure aujourd’hui l’importance de sa dépendance par rapport aux  marchés d’exportations vers le Japon et les Etats Unis, deux économies empêtrées dans une profonde récession.

Une situation qui contraste avec les données de base de la Chine, désormais perçu comme l’économie dominante du marché mondial

La Thaïlande souhaite approfondir ses relations avec la Chine

Économiquement, la “récession” en Chine fait des envieux avec un taux de croissance prévu de 6 à 7%. La Chine a aussi amassé des réserves de change considérables : plus de 2000 milliards de dollars.

Mais c’est surtout dans le domaine bancaire que les liens entre les deux pays se sont renforcés cette année.

La Chine a accordé le mois dernier à la Bangkok Bank, la plus grande banque commerciale de Thaïlande, une licence exclusive pour autoriser des opérations en yuans dans le royaume.

Alors que les autorités chinoises contrôlent très strictement le cours de leur monnaie, cette opération fait partie de la tentative de la Chine pour élargir progressivement le rôle de sa monnaie (le renminbi, plus connu comme yuan) en Asie.

La Bangkok Bank, la plus grande banque commerciale de Thaïlande en termes d’actifs, dispose de quatre succursales en Chine continentale et d’un réseau de succursales dans tout le Sud-Est asiatique.

Enfin la Thaïlande a fait une exception pour la Chine en autorisant le rachat de la banque thaïlandaise ACL par la banque chinoise ICBC (Banque industrielle et commerciale de Chine).

Icbc Thailande
La première banque chinoise ICBC a ouvert ses bureaux à Bangkok

Pour la première fois une banque thaïlandaise passe sous contrôle d’une entité étrangère, alors qu’en principe la loi plafonne à 49% la participation du capital étranger dans les entreprises thaïlandaises.

Cette opération très inhabituelle en Thaïlande, a nécessité une autorisation exceptionnelle du gouvernement.

Le président de l’ICBC Jiang Jianqing avait fait la proposition lors d’une réunion à Pékin pendant le premier voyage officiel du Premier Ministre thaïlandais en Chine en juin dernier, destiné a renforcer les liens économiques entre les deux pays.

Visiblement la Thaïlande souhaite tirer toutes les leçons de la crise récente. Elle a mis en évidence les failles d’un modèle de croissance qui repose majoritairement sur les exportations (66% du PIB en Thailande)  très sensible à la conjoncture mondiale,  celle des États-Unis en particulier.

D’où la volonté de réorienter l’économie du royaume vers le marché intérieur et des partenaires locaux, comme  l’ASEAN et la Chine.

[1] Arnaud Leveau.  Le destin des fils du dragon.  (Paris :L’Harmattan, 2003), 147.

[2] Bernard Formoso,  Bouddhisme renonçant, capitalisme conquérant (Paris : La documentation française, 2000), 126.

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