Voilà près d’un demi-siècle que la croissance en Thaïlande progresse de façon presque ininterrompue, entraînant un développement spectaculaire de l’économie et de la richesse du royaume.
Avec la baisse fulgurante de la pauvreté « absolue » (c’est à dire les personnes vivant avec moins d’ 1,25$ par jour), passée de 21% en 1981 à 0,4% en 2011, le « bébé » devenu « tigre » apparaît comme un modèle économique.
Cependant, comme pour la plupart des pays qui ont vu leur économie progresser de façon intensive, cette évolution s’est accompagnée d’une augmentation importante des inégalités de revenus.
D’une part, près de la moitié de la population vit avec un niveau de revenu extrêmement faible ; d’autre part, les 50 thaïlandais les plus riches possèdent à eux seuls près d’un quart du PIB du pays.
En 2013, la Thaïlande était classée 30ème pays le plus riche du classement de la Banque Mondiale et elle est la deuxième puissance économique de l’ASEAN après l’Indonésieen terme de PIB (Association des nations de l’Asie du Sud-Est).
Le secteur agricole qui représente aujourd’hui en moyenne 10% du PIB, emploie plus d’un tiers de la population. Ce modèle a certes permis d’améliorer le sort des plus démunis mais surtout d’enrichir les plus favorisés.
L’économie thaïlandaise n’est pas la seule vitrine du pays. Sportifs et artistes font aussi la fierté nationale.
Boonchai Bencharongkul, le roi des télécoms devenu grand mécène des arts
25ème thaïlandais le plus riche, il a bâti sa fortune – estimée à plus d’1 milliard de dollars- dans le secteur des télécommunications sans fil. DTAC (Dental Technologists Association Council), l’entreprise qu’il a fondée en 1989 et dont il fut le président durant douze ans a été sous son égide la deuxième plus importante société de téléphonie mobile du marché thaïlandais avec 30% de part et vingt-trois millions d’abonnés.
Né en 1954, le business man a rêvé toute sa jeunesse d’être artiste. Il a finalement choisi très tôt de placer sa fortune dans l’activité – plus prolifique – de collectionneur. A vingt ans à peine, il achetait sa première toile à Anand Panin, un célèbre peintre thaïlandais.
Faisant œuvre de philanthropie, ce Bernard Arnault à la sauce thaïlandaise décide en 2010 de créer son propre musée.
Riche de plus de 800 œuvres (c’est-à-dire 30% de l’ensemble de sa collection privée), le MOCA (Musée Of Contemporary Art) est devenu à Bangkok un lieu de référence pour les locaux comme pour les touristes.
Le magnat des télécoms a assurément fait les choses en grand : 2,5 milliards de bahts (60 millions d’euros) investis pour un bâtiment moderniste de 20 000m².
Environ 90% des œuvres exposées sont celles d’artistes thaïlandais et l’on y comprend le profond intérêt du mécène pour le fantastique et le surréaliste.
On y croise les maîtres de la modernité thaïlandaise comme le sculpteur florentin Silpa Bhirasri arrivé en Thaïlande en 1922, ou encore Chalermchai Kositpipat (connu pour l’ornementation du temple blanc de Chiang Rai) autant que les nouvelles stars de l’art comme les peintres Sirote Thongchompoo ou Chalermchai Kositpipat.
Il faut dire que le milliardaire a eu du flair. On parle désormais de Bangkok comme d’un nouvel eldorado de l’art contemporain. Le BACC et l’essor du Street Art dans les rues de la ville participent à ce boom, mais ce musée reste incontestablement le plus ambitieux du pays.
Apichatpong Weerasethakul, l’emblème du cinéma thaïlandais
Il avait fait grand bruit en 2010 en remportant la Palme d’or du Festival de Cannes avec son film Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures. Premier film thaïlandais récompensé dans l’histoire du Festival, le réalisateur en était à sa cinquième participation (sur six films) à Cannes. En 2004, il avait déjà remporté le prix du jury pour Tropical Malady.
Mêlant réalisme social et éléments fantastiques, les films d’Apichatpong Weerasethakul sont des propositions visuelles oniriques d’une grande délicatesse où se croisent mythologie populaire et culture bouddhiste.
Les différentes couches de réalité se superposent et le monde des rêves coexiste avec celui du réel dans un univers tout fait de sensations. Certes, le mystère et la confusion planent mais l’amour de la nature et sa poésie mise en images soulèvent le cœur à qui veut bien se laisser déstabiliser.
Son dernier film, Cemetery of Splendour, est une étrange histoire d’amour mais c’est aussi une fable politique qui en dit long sur le lien du cinéaste avec l’histoire de son pays et son contexte contemporain.
Pour promouvoir ses films et ceux d’autres réalisateurs thaïlandais, Apichatpong a fondé Kick the Machine.
Chane Kampanatsanyakorn, la nouvelle star du poker
Beaucoup considèrent le poker comme un sport qui a sa cohorte de passionnés aux quatre coins du monde, y compris en Thaïlande.
Comme bien d’autres sports, il donne la possibilité à tous de devenir riche et célèbre. Nombreuses sont les chaînes de télévision qui consacrent à cette discipline des émissions et des directs.
Si la Thaïlande est moins célèbre pour ses jeux d’argent que beaucoup d’autres voisins d’Asie du Sud, elle cependant a vu naître de grands champions.
En mars 2013, le pays s’est ouvert au jeu. Est à cette époque que le natif de Bangkok Chane Kampanatsanyakorn a remporté 2,7 millions de baths (près de 80.000 $) en finissant deuxième à l’Asia Pacific Poker Tour (APPT) de PokerStars, le principal tournoi du continent.
Il ne lui aura fallu qu’un an, pour rafler la première place à l’édition suivante de 2014 et empocher plus de 140 000 $. La passion du jeu commence à prendre dans le pays et ce n’est probablement qu’une question de temps avant la naissance de compétitions nationales.
Les joueurs de poker expatriés qui ont quitté l’Hexagone sont beaucoup à avoir choisi Bangkok. Il y a quelques jours, a débuté l’aventure de Kévin qui est parti à la rencontre des grands joueurs de poker à travers le monde : un passage par la Thaïlande ne saurait tarder !
https://youtu.be/DKweQhnG4FE
Samart Payakaroon, le tigre des rings
La boxe thaïlandaise (ou Muay Thai) connue dans le monde entier, est plus que le sport national : c’est une religion. En un sens, cette discipline est devenue fondatrice des rapports sociaux, de la morale et du respect envers l’autre, un enseignement à appliquer au quotidien.
La boxe peut sortir un gamin de la rue et en faire l’icône du pays. C’est d’ailleurs un peu l’histoire de Samart Payakaroon qui participe à son premier combat à peine âgé de 10 ans !
En 1980, à tout juste 17 ans, concourant dans la catégorie 47 kg, il gagne sa première ceinture du Lumpinee, récompense suprême. En suivront trois autres.
Par ailleurs, il remporte en 1987, la ceinture de Champion du Monde de WBC. Coup d’œil, habileté, capacité d’adaptation hors-norme en font le plus grand Fimeuu (technicien) de tous les temps et il est reconnu aujourd’hui comme l’un, voire le meilleur Nak Muay.
« Samart » signifie celui qui réussit ce qu’il entreprend et son prénom fut bien prophétique. Aussi, après les 150 combats auxquels il a participé et desquels il n’est jamais ressorti véritablement amoché (on le surnommait « Baby face tiger »), l’athlète superstar a su se reconvertir.
Tour à tour chanteur, acteur ou présentateur de télévision, il s’est impliqué avec vigueur dans toutes ses activités sans jamais décrocher de sa passion.
Aujourd’hui, il a ouvert un camp d’entraînement, le Poptheeratham Gym, où il dispense des cours, ouverts à tout le monde et qui ont vocation à perpétuer les traditions du Muay Thaï.